Archives du Théâtre 140


Le '140' cultivera l'insolite, l'humour fou et le style 'rive gauche'



Le Soir

8-11-1963

SCHAERBEEK A SON THEATRE

Le « 140 » cultivera l'insolite,l'humour fou et le style « rive gauche »

La commune de Schaerbeek comptera, dans les tout prochains jours, son premier théâtre : le « 140 », situé avenue Eugène Plasky, à proximité de la place général Meiser. C'est une salle de cinq cents places, d'une architecture sage, économique et un peu raide avec son plan rectangulaire et sa scène nettement surélevée. Et pourtant, on ne verra là rien de traditionnel!

Car M. Jo Dekmine, le jeune directeur artistique du « 140 », est passionné d'insolite, de comique pur, de spectacles inédits et d'artistes qui se sont révélés à Londres, à Berlin ou à Amsterdam, mais que Bruxelles ignore complètement. Aussi va-t-il par exemple, lancer, pour sa première saison, un festival international de cabaret-théâtre.

M. Dekmine a, en effet, gardé la nostalgie des premiers cabarets-théâtres parisiens qui ont créé un genre, une ambiance tout particuliers comme la Rose rouge, la Fontaine des quatre saisons, les Trois Baudets et l'Ecluse.

Là, des numéros à sensation, comme ceux des Frères Jacques, de Juliette Gréco ou des marionnettes d'Yves Joly, étaient intégrés dans un spectacle qui avait son unité propre, son cachet original. M. Dekmine se propose de présenter dans son théâtre les continuateurs de ces cabarets défunts, c'est-à-dire des artistes « merveilleux et inconnus », qui ont émigré de Saint-Germain-des-Prés vers le quartier du Panthéon, la rue Mouffetard et la place de la Contrescarpe.

Puis il y aura des « crazy shows » comme British Rubbish, une indescriptible revue de Branquignols londoniens, d'un style outrageusement 1900; des pièces d'aujourd'hui, comme Naïves Hirondelles, avec son créateur, l'auteur-acteur Roland Dubillard; un clown suisse, Dimitri, dont on dit merveilles; puis encore, de jeunes compagnies parisiennes, comme celles de Nicolas Bataille, d'Olivier Hussenot et d'Antoine Bourseiller, des troupes belges, comme le théâtre de l'Alliance, qui viendra jouer quatre spectacles, le théâtre de l'Etuve, de Liège, qui donnera un drame inédit du Douanier Rousseau : La Vengeance de l'orpheline russe, et le théâtre de l'Enfance.

Bref, M. Dekmine ne manque pas de projets pour ce « 140 » destiné à devenir un théâtre résidentiel au carrefour de Woluwe-St-Lambert, de Stockel, d'Etterbeek et de Schaerbeek.

Des dates sont déjà fixées pour toute une série de spectacles. Pour l'inauguration du théâtre, les 12, 13 et 14 novembre, on pourra voir la Jeanne d'Arc, de Charles Péguy, dans une mise en scène inédite de Robert Marcy, dans un décor de métal battu et avec Denise Bosc dans le rôle de Jeanne. Puis, ce seront : du 15 au 24 novembre, le one man show du clown Dimitri; du 28 au 30 novembre, Jacques Douai dans un répertoire qui va des chansons de Léo Ferré aux plus anciennes ballades de France; du 2 au 8 décembre. British Rubbish; les 11, 12 et 13 décembre, Naïves Hirondelles ; du 16 au 19 décembre. Les Deux Gentilshommes de Vérone, de Shakespeare, par le théâtre de l'Alliance; les 27, 28, 29 et 31 décembre, Insolite crazy show, un « spectacle fourre-tout » où voisineront ballets, chansons, jazz, humour, vamps et films de court métrage; du 13 au 19 janvier, On ne sait comment, de Pirandello, par le théâtre de l'Alliance, et du 22 au 25 janvier, un récital Léo Ferré.

Et pour la période de février à mai 1964, M. Dekmine a déjà prévu tout un autre échantillonnage de spectacles résolument en marge du théâtre et du

cabaret traditionnels. Mais nous aurons l'occasion d'en reparler...

A. P.

Auteur André Paris

Publication Le Soir

Performance(s)

Date(s) 1963-11-08

Artiste(s)

Compagnie / Organisation