Archives du Théâtre 140

Le Peuple

4-12-1963

AU THEATRE 140:

British Rubbish

Un spectacle désopilant

ILS sont sept : six garçons et une fille. Ils sont arrivés à Bruxelles dans trois camions de l'armée britannique, remplis du matériel le plus hétéroclite. Les garçons ont des barbes et des coiffures très bohème ou très Saint-Germain-des-Prés, mais ils sont typiquement anglais! Ce sont les « Alberts », ils ont débarqué au Théâtre 140, devant un public qui les considère d'abord l'œil rond, comme la poule qui a couvé un caneton... Et pendant une soirée entière ils vont s'amuser entre eux sur scène, grossissant allègrement tous les effets de comique visuel, avec un gros clin d'oeil au public. C'est d'abord le naufrage du Titanic qui inaugure la série des gags, avec une petite barque grotesque et deux marins farfelus brandissants à tour de rôle des panneaux explicatifs. « Nous allons sombrer »... « Malheur » C'est ensuite un étonnant bicycle « musical » relié à un amplificateur et sur lequel on joue avec un os en caoutchouc! Pendant ce temps, des dizaines de pétards ont déjà explosé, les protagonistes se sont cassé des œufs sur la tête, la chaussure de l'un d'eux - éculée et trouée, bien sûr — failli atterrir au premier des spectateurs. Ils se font des niches sans arrêt, débitent des blagues — en anglais — ou en lisent une traduction avec un accent plus drôle que la plaisanterie elle-même. Ils projettent des diapositives surannées en noir et blanc, avec des commentaires amusants comme tout, et quand, annonçant la reine Victoria, c'est une dame très déshabillée qui apparaît sur l'écran, ils la voilent pudiquement avec le pavillon de! l'Union Jack.

Aucune leçon à tirer de tout cela évidemment. Ils n'ont d'autre propos que de s'amuser et de vous divertir, et malgré le handicap de la langue, qui ralentit forcément le rythme des « événements » — il faut laisser le temps au public de comprendre l'anglais —, on s'amuse franchement avec ce « British Rubbish ». Les compatriotes de ces joyeux drilles semblent d'ailleurs apprécier ce lot de « nonsense ». puisque certains d'entre eux jouent cela depuis dix ans!

Chr. L.