Archives du Théâtre 140


'Naïves hirondelles'



La Dernière Heure

5-3-1964

Au Théâtre 140

« Naïves hirondelles »

Il a plus à Jo Dekmine, ardent animateur et réalisateur convaincu du « Théâtre 140 », de présenter a son oublie « Naïves hirondelles », de Roland Dubillard (déjà vues à Bruxelles) avec les interprètes de la création, au Théâtre de Poche de Montparnasse, mais avec l'appoint de l'auteur, dans le rôle principal.

Dire que cette œuvre plaira à tous serait peut-être exagéré : d'aucuns partageront l'opinion d'Ionesco sur cette pièce qu'il qualifie d'« admirable, insolite, sublime. désespérée, tendre... », d'autres l'auront savourée avec plaisir, en faisant la part de certaines outrances et de certaines longueurs, tandis qu'enfin certains (une minorité, il faut le reconnaître) auront refusé une audience complète à la première.

Les amateurs de théâtre classique n'y trouveront certes pas leur compte, mais il faut reconnaitre que « Naïves hirondelles » plait par

son côté, non seulement pittoresque, mais encore « farfelu » comme il ne semble pas permis de l'être : il est vrai que l'auteur, Roland Dubillard, y apporte tout ce que sa personnalité a de « débranché » (comme dit Jo Dekmine) et que son interprétation (pour autant qu'il veuille à l'avenir se forcer à hausser le ton), est pour beaucoup dans la réussite d'une pièce dont il connaît, naturellement, les nuances mieux que personne.

On ne raconte pas « Naïves hirondelles » dont une grande partie du charme vient de ce que l'auteur ne dit pas. mais suggère d'une façon puissante, bien que très peu orthodoxe. Les dialogues, pourraient paraître incohérents, semblent tenir de la « commedia dell'Arte » et les quatre personnages ont souvent l'air de broder sur un thème parfois obscur et dont les intentions demandent souvent à être soigneusement mûries pour prendre toute leur saveur. Roland Du-billard. étonnant de virtuosité dans l'absurde, est entouré par les créateurs du Théâtre de Montparnasse, avec, en tête. Tania Balachova, qu'on vit naguère à Bruxelles avec Raymond Rouleau, alors a ses débuts. Elle s'est mise au diapason de l'auteur dans une incohérence qui semble naturelle, tant elle parait réfléchie.

Ariette Reinerg (par ailleurs auteur de la mise en scène, assez compliquée) met tout l'effarement voulu dans son personnage de la jeune fille arrivant de Pontoise, pour tomber dans un milieu dont sa province ne pouvait lui donner aucune idée : elle a été touchante dans son idylle inavouée avec Bertrand, le plus « branquignol » de tous, à qui Bernard Bresson imprime toute la violence et la désespérance nécessaires.

Le décor, très compliqué, lui aussi, de Jacques Noël, semble s'adapter strictement à la conception de l'auteur.

H.

Auteur H.

Publication La Dernière Heure

Performance(s) Naïves Hirondelles

Date(s) du 1964-03-03 au 1964-03-12

Artiste(s) Roland DubillardTania BalachovaArlette ReinergBernard Fresson

Compagnie / Organisation Compagnie Reinerg-Howard