Archives du Théâtre 140


Jazz au Théâtre 140: Earl Hines, Roy Eldridge, Stuff Smith, Kenny Clarke



Le Soir

8-11-1965

Jazz au Théâtre 140

Earl Hines, Roy Eldridge, Stuff Smith et Kenny Clarke

Le premier Festival international de jazz de Bruxelles s'est terminé vendredi soir en apothéose au Théâtre 140.

Le trio du batteur américain Edgar Bateman, accompagné par le jeune guitariste anglo-belge Philip Catherine, se réclame de la nouvelle école impressionniste du jazz. Son succès fut très vif, principalement pour une interprétation nuancée de « Summertime ».

Si quelque historien du jazz se trouvait dans la salle, il aura béni le hasard qui réunit sur une même scène cinq musiciens qui ont pris une part indéniable à l'histoire du jazz. En effet, si le batteur Kenny Clarke et le saxo-ténor Don Byas firent partie du petit noyau de musiciens qui « inventèrent » le « bop », Roy Eldridge, qui par ailleurs est le dernier trompettiste de grande classe de l'époque « swing », y contribua involontairement puisque c'est par dépit de ne pouvoir rivaliser avec lui que Dizzy Gillepsie chercha une autre voie qui devait aboutir également au « be-bop ».

Earl Hines, ancien pianiste d'Armstrong, est le créateur d'un style issu d'une adaptation pour le clavier de la technique du « roi du jazz ».

Enfin, Stuff Smith n'est rien moins que le meilleur violoniste-jazz du monde. S'était joint à ces cinq vedettes l'excellent bassiste moderne Jimmy Wood.

Le récital de ces six Noirs américains constitua une des meilleures soirées de jazz que la capitale ait connues ces dernières années. Soulignons particulièrement l'original et percutant duo de Hines et Clarke sur « Sweet Sue », le solo d'Eldridge sur « The Man I love », celui de Smith sur « I can't get started », les prestations des six musiciens dans « Rosetta » et le fameux « Boogie - woogie on St. Louis Blues », deux des grands succès d'Earl Hines qui, tout au long de d'Earl Heines qui, tout au long de la soirée, rivalisa d'humour avec Eldridge et Smith.

En somme, les absents eurent tort mais à part... Gerry Mulligan y en eût-il beaucoup puisque la salle était comble.

M. D. J.