Archives du Théâtre 140

Le Peuple

15-11-1965

Au Théâtre 140 :

LE CABARET IMAGINAIRE

DU RIRE ET DU RÊVE

Après un festival International de jazz qui fit beaucoup parler de lui, le théâtre 140 s'est attelé à une tâche difficile : réunir en un seul spectacle, en un cabaret imaginaire, quelques fantaisistes que tout sépare, hormis le désir de plaire au public. Leurs moyens d'approche sont aussi divers que leurs personnages, de là, la difficulté de réussir une soirée équilibrée malgré son hétérogénéité.

De Maurice Baquet et son violoncelle au mime Marino du Crasy Horse saloon en passant par Scotch le clown poète et The Ferre Grignard Skiffle group, ils créent ni ennui ni lassitude. Seul Jean-Paul Sèvres se cantonne en-dessous du niveau de prestation de ses camarades, tout en se « rachettant » avec un numéro très réussi de trac.

Maurice Baquet, ce branquignol qui est aussi un premier prix de violoncelle est évidemment le point chaud de la soirée. C'est du moins ce que l'on se dit en quittant la salle de spectacle. Et puis on se surprend à penser avec attendrissement à Scotch, le clown poète, la rose rivée au crâne comme un défi, attendrissant à force de créer des tours avec le sourire et le regard triste. Et l'on rit franchement, gaiement, en se rappelant les mimes de Marino jouant les chefs d'orchestre sur fond sonore, bien meilleur cependant dans ses numéros de mimes que dans ses chansonnettes. Et puis on s'interroge sur cette jolie fille à la voix grave et un peu mystérieuse dont le nom ne figure pas au programme et qui détaillait avec tant de sensibilité une belle chanson appelée Numance...

Mais ce « skiffle group » demandera-t-on? Des gaillards barbus et farfelus qui fabriquent un blues primitif sur rythme de guitare, de mandoline et de « washboard », « éclusent » de grands verres de bière tout comme ils le feraient s'ils jouaient entre eux, et chantent avec des accents venus des tripes. Aucun rapport avec les autres artistes de cette soirée, mais ils s'y insèrent cependant avec bonheur puisque le public les acclamer et les rappelle.

Une soirée où le rire est franc et spontané sans être jamais grossier, un cabaret imaginaire, qui mérite bien son nom.

CHRIS L.