Archives du Théâtre 140


Maurice Baquet, skieur violoncelliste, déride les plus grincheux au 'Cabaret imaginaire' du 140



La Lanterne

16-11-1965

Maurice Baquet, skieur violoncelliste, déride les plus grincheux au « Cabaret imaginaire » du 140

Différentes sortes d'humour, de cet humour qui se nourrit de toutes les catastrophes, sont rassemblées dans le « Cabaret imaginaire » du Théâtre 140 : il y en a de l'excellent et du médiocre, il y a des interprètes qui font rire par leur seul présence, d'autres qui agacent et dont on n'attend plus les mots parce qu'ils finissent en queue de poisson. Mais la seule présence de Maurice Baquet parviendrait à dérider les plus grincheux. A la fois comédien, violoncelliste, chanteur et poète, il ne peut être classé sous aucune rubrique. Quand on lui demande ce qu'il est vraiment, il répond : skieur-violoncelliste parce que ce numéro, il l'a tourné mille et une fois pour le cinéma burlesque français. Les Américains ont mis quatre ans pour accepter cette définition, dit Baquet, parce qu'ils ont d'abord voulu vérifier si j'étais bien l'unique au monde à posséder cette spécialité. II est certain qu'il possède une mimique extraordinaire, qui peut tout exprimer, et s'il a recours aux mots, ce n'est pas pour expliquer ce qu'il fait ou ce qu'il joue mais pour raconter une histoire stupide avec infiniment de poésie et d'insouciance. II n'utilise que rarement le jeu de mots parce qu'il doit raconter ses histoires dans plusieurs langues, mais il le fait quand même pour montrer qu'il a des lettres et qu'il aime placer l'humour sur le piédestal de la culture générale. Premier prix du conservatoire de Paris, il a planté aussi plusieurs étendards sur quelques pics des Alpes. La pratique des sports d'hiver fait partie de sa formation.

Le mime Marino et le clown-poète Scotch ont le tort de vouloir amuser et convaincre en utilisant la même veine que Baquet. Leur talent est voilé par celui-ci, qui envahit la scène à tout moment. Marino, qui monte le premier sur scène, surprend agréablement dans son numéro du chef d'orchestre italien excédé et vindicatif et témoigne d'un art du mime fort poussé. Quant à la chanteuse Colette Riva, elle comble les temps morts avec quelques chansons où la voix est souvent plus pathétique que le texte. Maul Severs mime les enfantillages des adultes mais convainc peu et reste prisonnier de son genre. Scotch, enfin, est un clown plus souvent et plus profondément triste que gai, ce qui lui donne un fond de poésie mélancolique mais contraste vigoureusement avec ses atours de clown de cirque.

En marge de ce cabaret de l'humour, le « Skiffle Group », les « Gitans des States », une formation jeune et éprise de folklore complète ce programme de cabaret par un concert qui n'a plus rien d'humoristique mais qui garde une réelle puissance d'évocation poétique.

André BUYSE

Auteur André Buyse

Publication La Lanterne

Performance(s) Le Cabaret Imaginaire

Date(s) du 1965-11-12 au 1965-11-21

Artiste(s) Maurice BaquetMarinoScotchJean-Paul SèvreThe Ferre Grignard Skiffle GroupAnnie PerecLes mannequins O et A

Compagnie / Organisation