Archives du Théâtre 140

Le Soir

8-10-1966

Jazz au « 140 »

LIONEL HAMPTON

Lionel Hampton les a fait attendre de minuit à 1 h 30. Et pourtant, ils sont restés, tous ceux qui désespéraient d'obtenir une place, debout, devant la porte et les autres, ceux qui depuis huit jours avaient réservé un fauteuil et leur « nuit » au grand maitre du vibraphone.

Il venait de Paris : des douaniers incompréhensifs et des panneaux indicateurs incompréhensibles l'ont retenu en route. N'importe, on l'a attendu.

Mercredi, il faisait un triomphe à Paris; ce vendredi, il en fera un à Lyon: samedi, il sera en Hollande. « Entre les coups », il a accepté de jouer pour Jo Dekmine, le directeur-magicien du « Théâtre 140 » et pour son public, pareillement farfelu, enthousiaste et sympathique.

A travées pleines, à coulisses grouillantes. Lionel Hampton a donc, « dans la nuit de jeudi », fait un nouveau triomphe.

Tantôt dégoulinant de sueur sur son vibraphone, tantôt agile à la batterie comme un prestidigitateur, il lance ses baguettes avec l'art consommé d'une majorette, Lionel Hampton a fait sauter, siffler, hurler une salle aussi comble que survoltée, aux sons de « When the Sonet », « Midnight Sun », « Misty », « Hey Baberika » et autres morceaux justement fameux.

Pour l'y aider, il avait une formation que quelques heures d'autocar ne semblaient pas avoir handicapée : Rynolds Mullins (piano), Edward Pazant (sax-alto), Buddy Terry (sax-ténor), Wallace Davenport (trompette), Lawrence Burgan (basse électrique), William Mackel (guitare), Al Levitt (batterie), sans compter l'agréable voix de Pinocchio James.

Un regret toutefois pour les vieux « fans » du plus clownesque des jazzmen; le « maître » ne geint plus comme avant... Mais qu'ils se rassurent, il se promène toujours dans la salle et adore toujours se mettre un tambour sur la tête...

En tout cas, Lionel Hampton clown sacré du jazz, vaut toujours peine d'être vu et entendu, même assis sur un escalier, même en pleine nuit.

M. C. B.