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Bossa-nova et jazz à Montparnasse



La Libre Belgique

17-11-1967

Au Théâtre 140

Bossa-nova et jazz à Montparnasse

Le nouveau spectacle présenté sur la scène que dirige Jo Dekmine n'est pas une véritable soirée de variétés, mais plutôt une sorte de concert de musique moderne avec attractions. C'est d'autant plus vrai que Maurice Vender et son excellent sextet occupe le plateau d'un bout à l'autre du programme si l'on en excepte le numéro de Normando, un chanteur brésilien de bossa-nova qui s'accompagne personnellement à la guitare.

Ces musiciens de Maurice Vender se produisent deux fois en sorte de jam-session (encore qu'il s'agit, en fait, d'interprétation de musique écrite et non pas d'improvisation pure) et, pour le reste, soutiennent les différentes vedettes. C'est dans cette dernière partie de leur travail — la plus longue, la plus ingrate — qu'ils démontrent vraiment la variété de leur talent.

Formé d'un piano (Maurice Vender, qui joue aussi de l'orgue), d'une trompette (Yvan Julien), d'un sax-ténor (Bob Garcia), d'une basse (Luigi Trussardi) et d'une batterie (René Nan), le sextet possède une homogénéité et une solidité qui se font rares.

Nicole Croisille et Pierre Barouh animent la plus grande partie de la première moitié du programme. La première est évidemment influencée par le show-business américain qui, en fait, la lança. Elle chante fort bien de typiques airs de jazz, mais elle reste française jusqu'au bout des ongles quand elle le veut et notamment lors de ses duos avec Pierre Barouh sur les thèmes désormais célèbres du film « Un homme et une femme ». Pierre Barouh lui-même est sympathique. Sa timidité (apparente ou réelle?) camoufle parfois un manque de puissance de voix. Ses textes sont très valables.

Claude Nougaro, lui, restera le plus discuté de l'affiche et est, du reste, le plus discutable. Les qualités ne manquent certes pas à ce chanteur qui se produisit déjà à Bruxelles en septembre 1964 et décembre 1966. Son répertoire est cependant extrêmement inégal. A côté de choses charmantes (La clé), poignantes (Bidonville) ou réalistes (Elans de peau), il n'hésite pas à délailler des chansons d'un goût extrêmement douteux. Claude Nougaro, à la démarche bizarre, avec quelques tics que complique encore, le soir de la première, une obligation de boire entre ses chansons pour pallier les ennuis d'un gros rhume a, indiscutablement, de la voix, ce qui, en fait, n'est pas étonnant dans le chef de ce gitan qui est le fils d'un authentique chanteur d'opéra. Il « cadrait » quand même parfaitement, au 140, avec la ligne générale du programme et c'est pourquoi il s'est assuré un très gros succès de la part d'un public extrêmement nombreux.

Ch. M.

Auteur Ch. M.

Publication La Libre Belgique

Performance(s) Bossa-Nova Jazz à Montparnasse

Date(s) du 1967-11-15 au 1967-11-19

Artiste(s) Claude NougaroPierre BarouhNicole CroisilleMaurice VenderNormando

Compagnie / Organisation