Archives du Théâtre 140


De la Bossa-Nova au jazz. Claude Nougaro au Théâtre 140



La Cité

17-11-1967

DE LA BOSSA-NOVA AU JAZZ

Claude Nougaro au Théâtre 140

Que Claude Nougaro n'occupe pas le rang qu'il mérite dans la hiérarchie des auteurs-interprètes de chansons, voilà qui n'est pas douteux. A ce propos, on ne peut d'ailleurs que regretter, une fois de plus, que la qualité ne paie pas toujours dans le monde du music-hall.

Or, le répertoire de Claude Nougaro se place précisément sous le signe de la qualité. Qualité des textes — encore que l'auteur de « Bidonville » se laisse parfois aller à jouer avec les mots, par simple exercice — et qualité des mélodies. Qualité des textes : il va de soi que Nougaro est à l'opposé du « commercial ». Il choisit des sujets que d'autres se garderaient bien d'aborder et les traite dans un langage dont toute fadaise est exclue. Ses textes ont une portée. Sauf quand, ainsi que nous venons de l'écrire, il s'amuse à devenir un virtuose de la rime ou tend vers une sorte de surréalisme.

Aussi, à notre sens, « Un petit taureau », « Les craquantes » ou « Saint-Thomas » ne sont pas des chansons qui valent « Armstrong », « La mutation », « Bidonville », « Une petite fille » ou « Cécile ». Du moins, à aucun moment, Claude Nougaro n'est un auteur inintéressant.

Qualité des mélodies : franchement « moderne » et « marqué » par le jazz, Claude Nougaro propose des musiques d'une telle valeur que seuls des accompagnateurs de grande classe sont en mesure de les interpréter.

Au reste, il est certain que le sextet de Maurice Vender est pour une bonne part dans la réussite d'un tour de chant réellement « pas comme les autres ». Un tour de chant qui, regrettons-le une fois encore, ne comporte aucun « tube », mais qui ne satisfait pas moins largement ceux qui savent faire la distinction entre la chanson et la chansonnette. Ceux-là étaient nombreux, mercredi soir, au Théâtre 140, ou Claude Nougaro, quoique desservi par une sonorisation par trop tonitruante, a été gratifié de multiples rappels.

Gros succès également pour Pierre Barouh, qui, de prime abord, n'a rien pour faire un chanteur de music-hall, mais dont les œuvres — « Vivre », « 8 Heures à dormir », « Chanson pour Teddy » ou « La samba de Sarava » — sont si remarquables que l'auteur n'a pas besoin de grandes qualités d'interprète pour les présenter soi-même.

Succès d'autre part, pour Nicolle Croisille, nettement en progrès depuis sa dernière apparition à Bruxelles. Mais sans doute l'accompagnement de Maurice Vender et ses amis n'est pas étranger à l'affirmation de la « voix » féminine de « Un homme, une femme ». Notons, en passant, que Nicolle Croisille et Pierre Barouh profitent de leur présence simultanée sur le « plateau » du « 140 » pour interpréter, parfois en duo, les chansons du film de Claude Lelouch.

Et terminons en signalant l'agréable surprise que l'on éprouve, en début de programme, à découvrir Normando, une vedette brésilienne de la bossa-nova.

H.M.

Auteur H.M.

Publication La Cité

Performance(s) Bossa-Nova Jazz à Montparnasse

Date(s) du 1967-11-15 au 1967-11-19

Artiste(s) Claude NougaroPierre BarouhNicole CroisilleMaurice VenderNormando

Compagnie / Organisation