Archives du Théâtre 140


Jazz et films expérimentaux



Le Soir

26-1-1968

Au Théâtre 140

Jazz et films expérimentaux

Arrabal peut-être rassuré : son « Labyrinthe » qui ouvrira la partie scénique du Festival du nouveau théâtre a connu, mardi soir, un prélude digne de lui. Certes, il n'y eut pas de latrines désaffectées, ni de vieilles couvertures suspendues au-dessus du plateau du 140, mais l'on vous assure que le « free jazz », ce n'est pas mal non plus.

Les quelques dizaines de privilégiés réunis pour cette démonstration de jazz de l'ère atomique eurent droit à... nous allions écrire « deux morceaux » mais ce terme ne s'applique manifestement pas à ce genre de musique. Toujours est-il qu'il s'écoula 20 minutes entre la première note émise par un des cinq types d'instruments utilisés et l'entracte, tandis que la seconde partie dura environ une heure pendant laquelle toujours un au moins de ces courageux jeunes gens tirait des sons qui de son saxophone, qui de sa basse, qui de son piano, qui de sa batterie, qui de sa trompette.

Pendant près de 5 secondes, Kris Wanders sortit une phrase chaude et agréablement colorée de son saxoténor, mais à part cette fausse note, si nous pouvons nous exprimer ainsi, le programme le mentait pas qui annonçait « une musique en forme de cri étouffé, de clou griffant le tableau noir, de nerf à fleur de peau ». Rendons hommage aussi à Barie Phillips qui martyrise sa contrebasse, aussi bien à l'archet qu'en pizzicati, avec une technique indiscutable, arrivant même à lui faire rendre des phrases bien énoncées, sans hoquets ni miaulements. Claude Deron, qui utilise une trompette recourbée à la Gillespie, a, paraît-il, une formation classique. Voilà qui fera plaisir aux amateurs de Wagner, cité également dans le programme. Quant au piano de Fred Van Hove, il était, comme on dit, préparé. Plus que nous, en tout cas.

Pendant ce qu'il faut bien appeler ce concert, des films expérimentaux étaient projetés à côté des musiciens. Les cinéphiles purent ainsi revoir avec délice deux Mac-Laren : « Blankity blank » et « La Chaise ». Des effets de projecteurs ajoutaient, de temps à autre, un soleil ou une lune à la géométrie mouvante des bandes non figuratives, tandis que des jeux d'éclairages renforçaient la théatralisation dramatique de l'ensemble.

M.D.J.

Auteur M.D.J.

Publication Le Soir

Performance(s) Freejazz

Date(s) 1968-01-23

Artiste(s) Kris WandersPeter KowaldBarie PhilipsFred Van HoveFranco MondiniClaude Deron

Compagnie / Organisation