Archives du Théâtre 140

La Cité

29-1-1968

A BRUXELLES

AU THEATRE 140

« Le Labyrinthe » d'Arrabal par le Grand Théâtre Panique

Voici un échantillon du « nouveau théâtre » (sous le signe du théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud) extrêmement fascinant et parfaitement réussi à quelques détails et provocations (un peu puériles) près. Cette représentation qui, précisons-le immédiatement, ne s'adresse qu'à un public particulièrement averti, est beaucoup moins que pièce d'auteur qu'un spectacle de mise en scène. Fernando Arrabal n'a en somme fourni qu'un canevas cauchemardesque sur lequel Jérôme Savary a construit un décor, une musique (principalement des solos de batterie) et une mise en scène qui tendent à la création d'un rituel délirant où l'expression corporelle, les cris, les gémissements et les ricanements sont mobilisés pour atteindre nos nerfs. Mais à mon avis, cela va plus loin et cette représentation, parce qu'elle est rigoureuse et s'appuie sur un style où tout est ordonné à l'unité du spectacle, atteint des moments de grande beauté. Nous sommes projetés dans un univers de sons et d'images d'une grande intensité où rien n'est laissé au hasard. On invoquera le Living Theatre où le sens de la grandeur monumentale est sans douta plus poussé, mais qui nous inflige aussi des passages à vide fort ennuyeux.

La troupe du Grand Théâtre Panique est de tout premier ordre. Nous avons apprécié en particulier l'extraordinaire performance de Lydie Pruvot dans les scènes assez hallucinantes de débit précipité. Nettes réserves.

J.L.