Archives du Théâtre 140

La Libre Belgique

5-1-1969

Le « 140 » a son lustre...

…et un clown remarquable : Dimitri

Voilà cinq ans que Jo Deckmine, le directeur du « 140 », ouvrait les portes de son théâtre. Il les ouvrait en montrant au public bruxellois un clown qu'il avait découvert quelque part en Hollande : Dimitri. Un clown suisse, comme Grock. D'emblée, ce Dimitri fit la conquête du public avec une suite de sketches où il se montrait non seulement un excellent clown — chose rare déjà — mais aussi un excellent instrumentiste et un mime qui n'est pas, par instants, sans rappeler le célèbre Marceau.

Clown, musicien, mime, mais aussi acrobate, poète, imitateur, en faut-il plus pour faire un artiste complet dans une discipline théâtrale, mineure sans doute, mais dont l'importance n'est pas niable? On a retrouvé ce Dimitri pour célébrer le 5e anniversaire de l'ouverture du 140, avec ces mêmes talents, ces mêmes qualités et un répertoire renouvelé a 80 p.c., ce qui est mieux encore.

On ne décrit point les facéties d'un « gagman », fût-il un clown de talent et utilisât-il un nombre invraisemblable d'instruments de musique, certains plus farfelus et étonnants les uns que les autres. Il faut le voir et accepter son humour un peu noir parfois, un peu triste souvent, mais d'une spontanéité enfantine, charmante. Il faut le voir plonger dans une petite malle en osier et en retirer, en gloussant de joie, un certain nombre d'instruments de musique à percussion, les attacher à ses jambes, ses bras, en fixer un sur le dos, un autre sur la tête, jouer d'une main à l'accordéon et de l'autre avec une trompette pour se faire une petite idée de l'universalité du talent de Dimitri. Il faut le suivre dans ses évolutions scéniques avec une bicyclette « musicale » et assister à ses deux étonnants numéros où il incarne d'abord un magicien puis un imitateur d'une douzaine de personnages connus, pour reconnaître que Jo Deckmine a mis la main sur un personnage du show business qui laissera un nom et un souvenir.

A. L.