Archives du Théâtre 140


'Hunka Hunka' par le Studio d'Amsterdam. Un Shakespeare de bande dessinée mis à la sauce 'hippie'



Le Soir

2-3-1970

Au Théâtre 140

« HUNKA HUNKA »

par le Studio d'Amsterdam

Un Shakespeare de bande dessinée mis à la sauce « hippie »

Un mystère est résolu. De tous les grands personnages soupçonnés d'être Shakespeare, le véritable est celui qui, vendredi soir, après la représentation de « Hunka Hunka » par le Studio d'Amsterdam, s'est retourné dans sa tombe. D'indignation? Mais non : de rire ou de plaisir! Car ce show « hippie », inspiré par l'auteur anglais à Donald Driver, est un de ces spectacles drôles, passionnants et farfelus, qui assure à tout spectateur — surtout s'il est jeune et attentif à ce que la mode « pop » a fait ces derniers temps — une bonne soirée…

L'argument est tiré de « La Nuit des Rois ». Mais dynamité, truffé de « gags ». Et là, les trente premières minutes du spectacle sont succulentes. Chaque scène apporte sa surprise. C'est ce décor transformable, fait d'une estrade et de quelques paravents. Ce buste en plâtre de Shakespeare qui, par moment, éprouve le besoin de dire quelques tirades en anglais. Ou encore ce dessin de tante Sidonie (une des héroïnes de la bande dessinée « Bob et Bobette »!) qui intervient à tout bout de champ. Du moins quand Bouddha ou le pape lui en laissent le temps... Avec aussi, deux acteurs la tête recouverte de grands masques et qui représentent une sorte de choeur au rude bon sens et à l'opinion, pour le moins, publique.

C'est un canular, une suite de sketches, une revue « provo » que

cette histoire d'Oron amoureux d'Olivia. Un Oron impressario qui tente de lancer dans la chanson Charlie, une jeune fille qui se fait passer pour un garçon. II y a d'ailleurs de quoi s'y tromper, tout le monde sur scène a les cheveux longs : c'est la mode « unisex » dans toute sa gloire!

L'effet de surprise atténué, le plaisir en fait tout autant. Mais c'est une impression passagère, même si on la ressent encore parfois au cours des minutes qui suivent. Et puis, une chanson vient relever l'intérêt. Car ce « Hunka Hunka » est aussi une comédie musicale, dansée dans la meilleure tradition — souvent avec une volonté d'humour au second degré — et chantée sur une musique inspirée au pop group « The Exception » par Jean-Sébastien Bach qui supporte allègrement le choc de cette rencontre.

Quant aux jeunes acteurs du Studio d'Amsterdam, c'est peu de dire qu'ils savent tout faire : jouer, mimer, chanter, danser, et chaque fois comme s'ils étaient des spécialistes dans chaque domaine.

Bourré d'allusions à l'actualité, avec quelques « audaces » dans le langage, voilà un show (car ce n'est rien d'autre) qui représente en quelque sorte le côté rieur et boulevardier du nouveau théâtre des jeunes. Et ce n'est nullement péjoratif...

Luc HONOREZ.

Auteur Leo Honorez

Publication Le Soir

Performance(s) Hunka Hunka

Date(s) du 1970-02-27 au 1970-02-28

Artiste(s) Shakespeare

Compagnie / Organisation Studio Amsterdam