Archives du Théâtre 140


Huit comédiens qui s'amusent comme des petits fous…et nous aussi!



Le Soir

4-3-1970

« JE NE PENSE… QU'A ÇA »

Huit comédiens qui s'amusent comme des petits fous... Et nous aussi!

Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Ce n'est pas du Feydeau, ni du Courteline, et encore moins du Pagnol. Non, c'est... C'est quoi, au fond? Une « salade russe comique », un capricieux salmigondis de sketches-éclairs, de monologues express, de gags clownesques, de « branquignolades », de petites parodies savoureuses (de Julien Clerc, d'Enrico Macias, de Johnny Hallyday...), de saynètes vaudevillesques en caleçons à fleurs, de numéros de revue, de ballets pour rire, de chansons tantôt douces, tantôt ironiques, tantôt très animées, dues à Evariste.

Mais avant tout et surtout, c'est un spectacle dénué de prétention. Et c'est ce qui rend amusants et sympathiques même des trouvailles presque insignifiantes, des traits satiriques qui ne sont pas d'une ingéniosité folle, des gauloiseries assez poussées et des blagues de potache.

A la base, il y a des dessins humoristiques de Wolinski. Ces dessins, le metteur en scène Claude Confortés les a, à la lettre, animés. Il les a développés, prolongés, corsés. Et huit comédiens - chanteurs - danseurs - gagmen les ont traduits à la scène. Le fil conducteur, vous imaginez bien que c'est la satire ceux « qui ne pensent qu'à ça » surtout de ceux qui ne veulent les faire penser qu'à ça, parce que cela rapporte de l'argent.

Ainsi, on égratigne joyeusement et parfois avec truculence les films, les livres et les disques érotiques, les amateurs de pornographie, les obsédés, les attardés, les velléitaires, les inquiets, les homosexuels. Mais aussi, pèle-mêle, les drogués, les gauchistes, les réactionnaires, les boutiquiers, les play-boys, que saisie encore?

Bref, un grand jeu désinvolte, au rire franc, hardi. Et qui n'est si bien réussi que parce que cinq garçons et trois filles le jouent tout aussi franchement, tout aussi hardiment, en s'amusant réellement eux-mêmes, en chantant et en dansant avec un entrain qui ne se dément pas une seconde. Et, croyez-moi, leur amusement se révèle singulièrement communicatif. Citons-les à la queue leu leu, puisqu'il n'y a pas de vedette ici, ni même de premier ou de second rôle : la blonde et irrésistible Florence Giorgetti, qui a vraiment l'air de sortir tout droit d'un dessin de Wolinski, Chantal Aba, Dorte, Philippe Ogouz et Georges Beller, qui font d'inénarrables duos cocasses, Gérard Croce, Dominique Maurin et Didier Kaminka.

André PARIS.

Auteur André Paris

Publication Le Soir

Performance(s) Je ne pense… qu'à ça

Date(s) du 1970-03-02 au 1970-03-07

Artiste(s) WolinskiClaude Confortès

Compagnie / Organisation