Archives du Théâtre 140

Le Soir

8-12-1970

AU THEATRE 140

« Group Juice » et John Galliard

Spectacle mêlé au théâtre 140. En première partie, le théâtre de La Mama, de Londres, qui présenta déjà sur cette scène une satire de la télévision britannique, intitulée Hilton Keen Show, propose aujourd'hui Group Juice.

Cinq comédiens en collant noir et en chemisette blanche font d'abord un récital de borborygmes, d'ahanements, de chuintements, d'aboiements, de reptations, de courses échevelées et de chutes qui sentent leur Living Theatre à dix lieues à la ronde. Puis, l'humour anglais s'en mêle et cela devient beaucoup plus amusant. On découvre alors une satire de la technocratie, des tabous de la vie moderne, de l'emprise des émissions télévisées et du militarisme, qui ne manque certes pas de piquant ni d'invention, même si cela se termine sur un petit délire collectif très bruyant mais assez puéril.

La petite troupe fait preuve d'un synchronisme parfait dans les sons et les mouvements de ce spectacle destiné spécialement aux anglophones.

A. P.

Banjo et citrouille

Jo Dekmine. par la même occasion, inaugurait une formule, neuve sans doute, mais dont on se demande si elle parviendra à se rainer à la fois les fervents du théâtre et les amateurs de musique, d'autant, qu'il y aura, de deux en deux jours, renouvellement de la seconde partie (du 8 au 13 décembre, le Lagger Blues Martine, un des groupes belges qui parait à première vue le plus apte à se façonner un langage personnel et le 12, Kleptomania, qui revient d'une tournée au Congo-Kinshasa).

Tout, dans la musique de John Galliard, évoque les westerns bonne cuvée. En deux accords, ce trio d'Irlandais sympathiques, emmène son auditoire dans les prairies du Far West, à l'heure où les colons se retrouvent, à la lumière du feu de bois, dans la main un verre d'eau de vie et dans les bras la blonde de leur vie…

Musique à boire et à danser, dans la tradition des ballades d'Outre-Manche et du bon vieux « Country and western » quand les violons miaulent, que les banjos crépitent pour se fondre aux accords nasillards de l'harmonica et aux « youpee » des danseurs.

D'une simplicité et d'un entrain non enfant, cette griserie musicale fait d'ailleurs les beaux jours d'un Mungo Jerry, qui y a puisé à profusion.

Avant de conclure au bar, John Galliard devait remettre au directeur du Théâtre 140 la citrouille de l'amitié, dont on se dit, qu'à défaut de carrosse, elle pourrait fort bien se transformer en chariot… de pionnier.

A. D.