Archives du Théâtre 140

Le Peuple

9-2-1971

EMERSON, LAKE AND PALMER

AU THEATRE 140

Les deux concerts donnés par Emerson, Lake et Palmer, constituent un événement dans là vie pop. Le célèbre trio avait attiré une foule considérable que Jo Dekmine parvint à caser difficilement.

Et c'est dans une sorte de ferveur collective que ces trois représentants de l'art pop ont présenté un concert fascinant et d'une rare pureté moderne.

L'extraordinaire, c'est le décor. Toute la scène du Théâtre 140 était tapissée d'appareils de sonorisation qui totalisaient, nous a dit un connaisseur, près de 5.000 watts.

Ce qui a permis à ce même personnage de faire une comparaison avec le tableau de bord du dernier Boeing 747.

Et ils ne sont que trois à manipuler ces instruments qui rappellent une centrale électronique et desquels se dégage une musicalité exceptionnelle, profonde et insolite.

Les temps sont à la reconversion et au recyclage.

Emerson, Lake et Palmer nous ont donné l'occasion unique de faire le point en musique pop il est difficile d'oublier leur présence, leur technicité et leur talent.

Keith Emerson, leader des « Nice », est un musicien moderne, perpétuellement à la recherche de sons nouveaux et de tonalités insolites.

Les moyens pour arriver à cette symphonie avant-gardiste procèdent d'une connaissance approfondie du clavier, de plusieurs claviers même.

Emerson n'hésite pas à jouer sur deux orgues: « celui qui peut être chahuté, heurté, malmené ; celui que l'organiste chevauche pour mieux le dompter et qui se transforme en locomotive... ».

Et le son mille fois amplifié atteint des résonances absolument nouvelles qui frisent parfois une réelle beauté et souvent une qualité profonde.

En fait, les trois sources de cette musique demeurent les formes traditionnelles ou qui le sont devenues parce que l'une d'entre elles avait un tel rayonnement qu'il était ; impossible de ne point s'en inspirer : la musique classique, le jazz et le rock.

La musique pop leur doit souvent le thème musical, la chaleur et le rythme.

Et Emerson utilise ces trois sources d'inspiration en y mêlant étroitement sa personnalité et son extraordinaire richesse d'imagination.

Carl Palmer, à la batterie, et Greg Lake, à la guitare, sont eux aussi de merveilleux musiciens qui, sans être à la remorque a'Emerson, permettent à celui-ci d'enricher son jeu, de l'étoffer, de le rendre plus chaleureux encore.

Ces trois musiciens constituent une « unité » pop sans doute unique en son genre. Car, en dépit d'une outrancière panoplie technique, ils font de la musique. Une musique désarçonnante, certes, mais qui, à chaque phrase, se révèle comme une sorte de point de départ d'un art nouveau, original et complet.

Ph. G.