Archives du Théâtre 140


Sonic Art Union. Quatre compositeurs à la recherche de musique nouvelle



Le Soir

12-5-1971

AU THEATRE 140

Sonic Art Union

Quatre compositeurs à la recherche de musique nouvelle

Pour la première fois depuis sa création, le Théâtre 140 avait mis à son programme, lundi soir, un concert de musique contemporaine dont les acteurs n'étaient autres que quatre compétences américaines dans ce domaine.

Au programme, cinq pièces « It's there » de B. Ashley. Une décomposition de mots dits sur un ton récitatif. On ne put, hélas! juger du travail accompli, par la faute d'un amplificateur récalcitrant. Signalons cependant que les préoccupations d'Ashley se situent au niveau de la signification des mots et que ses recherches sont davantage tournées vers leur utilisation au théâtre et au cinéma.

Plus intéressant nous est apparu le travail de G. Mumma, dans « Sçhoolwork » qui n'est pas sans rappeler les investigations de John Cage. Avec une volonté de dépouillement presque ascétique, trois exécutants, manipulent des instruments inédits que Mumma construit d'ailleurs lui-même de façon artisanale. Le plus remarqué fut sans doute une scie métallique. Sur sa lame, le musicien joue de l'archet en virtuose et en tire des accords proches de la gamme. Aux sons actifs et présents se mêle un enregistrement des mêmes sons sur bande magnétique. Le mélange amplifié provoque de la sorte un écho.

Dans « Players with circuit », une pièce relativement ancienne du compositeur, David Behram utilise en direct la cithare, le piano et un générateur de fréquence selon la technique de l'ordinateur.

« I am sitting in a room » de Alvin et Mary Lucier, qui clôturait ce programme de musique électronique, est l'essai de transformation d'une phrase musicale en sons purs pendant que sur un écran une diapositive subit, elle-aussi, une désagrégation minutieuse. Lucier, qui est un passionné de l'environnement et de l'écologie musicale, opère sur bande magnétique un premier enregistrement d'une phrase, qu'il diffuse pour l'enregistrer à nouveau sur un deuxième magnétophone. Il répète le processus de nombreuses fois jusqu'à ce que le parasitage de la phrase par le milieu ambiant soit total et qu'il ne reste plus désormais que les fréquences musicales.

On aura constaté que le programme proposé par ces, quatre défricheurs n'avait rien d'officiel et procédait, au contraire d'une démarche purement expérimentale et technique qu'on peut qualifier d'avant-garde.

Valeur des bruits ambiants, utilisation du son électronique, composition due aux effets du hasard, exécution libre, telles sont les sources auxquelles s'abreuvent quatre compositeurs importants dont le premier mérite est d'étonner les mélomanes et les autres.

A. Dr.

Auteur André Drossart

Publication Le Soir

Performance(s) [levende elektronische muziek]

Date(s) 1971-05-10

Artiste(s) Sonic Art Union

Compagnie / Organisation