Archives du Théâtre 140


'Le Camembert électrique' au Théâtre 140



La Cité

2-1-1972

« Le Camembert électrique » au Théâtre 140

C'est un spectacle très varié que le Théâtre 140 présente pour le moment. Spectacle varié, et pourtant tous les artistes présentés appartiennent à une même communauté : le Camembert Electrique.

Daniel Laloux est français, Nico a longtemps vécu aux Etats-Unis mais est allemande, le Gong est composé d'un Australien, de deux Français et de trois Anglais. Mais ils vivent tous ensemble, dans un château situé à Sens, à 100 km au sud de Paris.

Daniel Laloux : humoriste surréaliste et grinçant. Il a fait partie du Grand Magic Circus, qu'on a pu applaudir récemment, toujours au 140.

Cet artiste filiforme et pince-sans-rire accompagne ses textes au moyen d'un engin inédit : l'instrument, mi-tambour mi-violoncelle, est en outre agrémenté de lames de métal produisant un son vibrant très particulier et différent selon qu'on tape dessus ou qu'on se contente de les secouer. Cet accompagnement, par moments extrêmement agaçant, demande au spectateur une attention soutenue s'il veut comprendre ce que l'artiste raconte. Daniel Laloux n'a néanmoins pas réussi à accrocher un public pas assez préparé à ce genre d'humour et de spectacle.

Nico, qui s'accompagne d'un orgue du style « Armée du Salut », fait montre d'une énorme présence sur scène. Ce qu'elle chante s'apparente assez aux ballades moyennageuses. Sa voix, très belle, et son orgue suffisent, avec des mélodies assez simples, ou plutôt pures, à séduire le public.

Les deux grands noms du Gong sont, bien sûr, Daevid Allen et Kevin Ayers, qui ont déjà fait du chemin comme membres du Soft Machine.

La première apparition de ce groupe eut lieu au festival d'Amougies, et on se souvient de son récent passage au Parc Josaphat, à Schaerbeek. Pour le Gong, la notion de groupe est très importante. Le communautarisme, explique Didier Malherbe, le saxophoniste, aide à trouver un équilibre entre le show-business et la vie d'artiste.

La musique du Gong a quelque chose d'humoristique. Humour mystificateur, mystère vaudou avec un clin d'oeil au public, « vaudou en forme de farces et attrapes ».

C'est excellent et tout le monde est « pris ».

Oui, on est pris quand Gilli Smyth, le visage couvert d'un casque de singe, pousse de longs cris aigus. On est pris quand l'excellent saxophoniste Didier Malherbe fait un solo, et même quand Daevid Allen, vêtu d'une longue robe africaine, gratifie le public de grimaces qui ressemblent à des tics.

Mais on marche moins quand Kevin Ayers, à la fin du spectacle, fait son apparition. Il apparaît comme un personnage plutôt cabotin. Ses premiers mots, qui ont fait rire certains mais ont laissé de glace la plupart des spectateurs : « Je suis le Diable physique... très physique. »

Ses multiples exhortations au public (il tentait absolument à faire danser des spectateurs sur la scène) restèrent longtemps vaines et c'est en queue de poisson que s'est achevé ce spectacle, pourtant bien amorcé.

Michelle DANTINE

Auteur Michelle Dantine

Publication La Cité

Performance(s) La nuit du camembert électrique

Date(s) du 1971-12-28 au 1972-01-02

Artiste(s) The GongNicoDaniel Laloux

Compagnie / Organisation