Archives du Théâtre 140


la MAMA de New York joue 'MEDEE' en latin et en grec



THEATRE 140

service de presse

saison 71/72

avant première / la MAMA de New York

Au 140, prestigieuse clôture de saison

les 2 - 3 et 4 juin à 21 H

la M A M A de New York

joue "MEDEE" en latin et en grec

les langues d'Euripide et de Sénèque redeviennent vivantes par la voix des célèbres comédiens américains

"MEDEA" réalisé par Andrei Serban à la MAMA de New York est ce "classique" que nous avons potassé, dont nous avons oublié l'humeur sinon l'anecdote. Tout à coup, on nous le restitue "éclairé" en un peu plus d'une heure de murmures, de silences, de cris, à travers des gens incroyablement tangibles qui s'entredéchirent dans un langage musical, sorti du scolaire; on rêve, on s'engueule en grec, en latin, et c'est très beau.

Un langage -musique, un matériau finalement neuf à nos oreilles, un décor de mots dont "l'antique" et la "méditerranéen" agit sur les acteurs comme un alcool.

Nous connaissons l'histoire. Jason, Médée et Creusa, le triangle classique. Passion et vengeance, l'amour et la mort. Un thème qui est l'un des lieux communs du théâtre.

Où se situera donc la profonde originalité du travail de Serban et de la Mama, par rapport à la proposition classique? le LIVING THEATRE lui s'en est pris à l'Antigone de Brecht, non à celui de Sophocle. Une version moderne, politiquement assimilée. Et bien, ce qui a frappé si profondément la critique américaine lors de la création de "Medea", c'est sans doute le pèlerinage aux sources, la fidélité aux os et à la pierre de la tragédie, dans une dramaturgie dont l'avant-gardisme dépouillé et l'intimisme pourraient rejoindre ce qu'en faisaient les anciens, après tout "Medea" était leur "Orange Mécanique", et le public s'y identifiait comme actuellement il en est du sport.

"Médée", une cérémonie d'un parfum très violent, sans avoir jamais recours à l'exhibitionnisme. N'y sont priées que cent cinquante personnes qui encercleront le spectacle, et sont amenées à leur place guidées par le coryphée, mais nous en disons trop.

Peter Brook, dont Andrei est très proche, pose une question : "Quelle est la relation entre le théâtre verbal et non verbal? Que se passe—t-il exactement quand le geste se transforme en mot? Quelle est la place exacte du mot dans l'expression théâtrale? Une vibration, un concept, de la musique?? Y a-t-il un témoignage quelconque enfoui dans la structure phonique de certains anciens langages?"

La réponse pourrait être apportée par cet étrange et fascinant "Médée".

De temps en temps, une phrase nous "dit quelque chose", mais nous n'écoutons pas les mots en propriétaire, de manière cartésienne, nous sommes les voleurs d'un langage...

La seule manière d'actualiser "Médée" était, peut-être de la retremper dans le contexte linguistique, dans le paysage, la tragédie grecque ayant pris peur nous le dangereux visage nordique et raisonnable de notre professeur d'humanités.

Nous avions vu à Amsterdam il y a trois ans le merveilleux "Arden de Paversham" et "Ubu roi" par la compagnie La Mama qui, lorsque nous nous proposions de la faire venir à Bruxelles, a été momentanément dissoute.

Durant cette période d'éclipse. La Mama de New-York a présenté une jeune compagnie d'opéra dont nous avons vu les réalisateurs au T.R.M Helen Stewaert nous aura ainsi révélé beaucoup de choses.

Et voilà l'événement inespéré, la compagnie à laquelle nous dévions une de nos plus fortes émotions de théâtre se reforme autour de Serban et nous venons de voir "Médée" à Amsterdam, au Mickery Théâtre.

Etant donné le délai, "Médée" ne fera pas l'objet d'un numéro du journal "Musique et Théâtre aujourd'hui" qui généralement informe notre public.

les 2, 3 et 4 juin à 21 heures.

Une ombre au tableau, ils sont 19 comédiens; le public, placé sur scène, est limité à 150 personnes exactement par représentation et il n'y aura que trois représentations. Le prix est unique (250 E.) et ne pourra faire l'objet d'aucune réduction. Nous nous excusons d'avance auprès des journalistes, Helen Stewaert insiste personnelement pour qu'un strict minimum (insuffisant) de places de presse soient accordées. C'est pour eux une question de subsistance. Quand donc sortiront-nous de ces préoccupations, les vrais théâtres officiels sont sans doute plus à l'aise.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Medea

Date(s) du 1972-06-02 au 1972-06-04

Artiste(s) La Mama (New York)

Compagnie / Organisation