Archives du Théâtre 140

Le Soir

16-11-1972

AU 140

Guy Bedos et Sophie Daumier

Guy Bedos a de quoi rassurer. Sa naïveté n'effarouche personne. Ses tics font parfois mouche. Son physique bonhomme lui procure bien des avantages dont il tire parti. Son arme préférée s'appelle grimace. Nanti de ces bagages scéniques, l'homme plante la dent dans les travers de la société, le snobisme, les obsessions sexuelles de tous genres, la publicité, l'idiotie et la médiocrité. Son humour procède par fleurs bleues successives.

Il y a du Peynet dans le tandem Bedos-Daumier. Elle a de l'esprit, du déclic. Ses rires, ses sourires, ses mimiques font souvent « tilt ». Ses dons d'imitatrice fonctionnent avec efficacité. Elle déploie une science réelle de la clownerie qui ne va pas sans vulgarité, mais dont l'impact sur le public est grand.

Menés allègrement, dans un incessant chassé-croisé de décors, les sketches du duo semblent continuellement frapper à la porte du rire sans parvenir à la franchir entièrement. Et si les judas s'ouvrent parfois, c'est pour se refermer aussi vite sur une inspiration trop tendre pour qu'on puisse la qualifier d'originale.

Le duo, de surcroît, utilise, pour charpenter ses numéros, toutes les ressources du décor, des accessoires, des voix « off » de l'accompagnement musical, d'où ce tourbillonnement d'un spectacle de deux heures, tout de délassement sans plus. Qu'on est loin des grands du rire français. Raynaud, Devos!

André DROSSART.