Archives du Théâtre 140

Le Peuple

18-12-1972

Mardi et mercredi au 140 :

« GOD OP AARDE »

Un théâtre total par des néo-primitifs hollandais

A gauche, il y a les musiciens, saxo et percussions, de grands beatnicks doux et souriants, malicieux qui ressemblent à tout ce qui peint, joue free jazz, écrit underground actuellement en Hollande. Nous sommes à La Haye, au « Hot Theater » avant le passage au 140.

Au centre, il y a un enchevêtrement subtil de caisses de fret, morceaux de palissades, matériaux de bois brut ou de vannerie, le tout confituré de blanc sali comme un frisson de Fontana (on en parle, ici, comme d'une eau de Cologne) mais au niveau d'un pop art parfaitement assimilé.

Viennent les quatre comédiens, funambules, clowns au grimage facial triangulaire, nuance pastel. Jusqu'au bout, ils émergeront du plâtre et de la chaux avec leurs multiples accessoires.

La mise en scène d'Eric Vos, dirigée par le travail collectif, est efficace, drôle, poétique, en marge du cirque.

Le thème exposé par l'auteur, Inez van Dulleman, philosophe autour d'un dieu vrai ou inventé, un dieu arc-boutant : « Le thème de base est l'homme qui, sans se réclamer de Dieu, n'arrive pas à donner de forme à sa vie. »

Dans « God op Aarde » (Dieu sur Terre), on essaie de redonner quelque chose de ce labyrinthe, en éclairs, instantanés qui sont en liaison logique ou historique.

Au théâtre, cette proposition devient un jeu très vivant que le propos philosophe n'arrive pas à figer.

Le groupe « Appel », fait de comédiens chevronnés, s'est formé l'an passé. Leur but théâtral : « Chercher d'autres formes de théâtre, arriver à une cassure du « patron » (trame) sur lequel ils avaient séparément travaillé jusqu'alors. »

« God op Aarde » est leur première réalisation.

Les 19 et 20 décembre, à 20 h 30 au Théâtre 140.