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Le phénomène Rufus: '300 Dernières' revient au '140' consacré par la presse et le grand public parisien



THEATRE 140

service de presse

saison 72/73

avant première /RUFUS

Au THEATRE 140

les 3 et 9 mars 73 à 20h30

LE PHENOMENE RUFUS

"300 DERNIERES"

revient au "140" consacré par la presse et le grand public parisien

"Si tu voulais, on jouerait. On partirait en voyage et on irait loin, loin. Et il y aurait du soleil. Tu me dirais..." Les enfants aiment bien se raconter des histoires. En quelques phrases ils plantent le décor, situent l'action, et les voilà partis au grand galop.

Surtout, ne les interrompez pas trop brusquement pour leur rappeler que c'est l'heure de se mettre à table ou d'aller à l'école... Ne les réveillez pas trop vite.

C'est à un jeu semblable que nous convie Rufus, auteur-interprète de "300 DERNIERES".

Le spectacle débute de façon insolite. A la faveur d'un instant de silence, un homme parmi le public, se lève et monte gauchement sur la scène : "J'ai cru qu'il y avait un moment de flottement, alors j'en ai profité pour me montrer..." Dès cet instant, il ne quittera pas le plateau pendant plus d'une heure et demie. Les spectateurs resteront là aussi, bien qu'il les ait invités sans ambages à aller au diable. Ils le suivront, tour à tour inquiets, joyeux, toujours curieux, dans cette exploration intérieure dont il est lui-même le guide aveugle et tâtonnant. Mal à l'aise dans sa peau, à la recherche d'un absolu qui lui échappe sans cesse, Rufus voudrait trouver d'autre, ce quelqu'un complémentaire qui lui manque, qui se sentirait bien avec lui et avec lequel il se sentirait bien. Ce quelqu'un qui peut se trouver dans le public sans se savoir concerné, est peut-être une femme, mère, amie, épouse... Il la cherche dans son rêve éveillé, l'invente, la traque, la cerne dans un étrange safari onirique. Sans cesse il la trouve, et toujours elle lui échappe de quelque manière. Les situations se succèdent, se juxtaposent, s'enchevêtrent.

Finalement, Rufus découvrira, avec tout le monde, ce compagnon inconnu, cette sécurité, est en lui-même, et il partira "tous-les-deux", discrètement, sereinement.

Il existe des nombres d'or, dit Jo Dekmine, des formes totalement accomplies. Il existe aussi des personnages uniques qui détiennent au théâtre une vérité parfaitement exacte même si c'est dans un style volontairement hésité. Ils détiennent aussi le pouvoir et les séductions de cette vérité.

Un homme seul, sa façon de bouger, de parler, projette en filigrane son univers affectif, son psychodrame, son humour qui recrée les univers.

Je parle de Rufus, le plus volontaire et le plus précis des rêveurs.

Au théâtre parfois, les grandes distributions peuvent nous séduire, le déploiement. Dans le cas de Rufus, notre curiosité est inversément motivée; le dialogue passionnant à trois dans "Maman j'ai peur"! Trop de monde dans "Il n'y aura plus d'arbres", pièce, il me semble, à une voix pour neuf comédiens, d'où huit personnages excellents mais moins identifiés. Et maintenant Rufus dans "300 dernières" en conversation avec nous, lui-même et d'autres gens à imaginer, bref parlant tout seul, je n'ai jamais reçu aussi parfaitement ce qu'il avait à nous raconter.

Les "300 Dernières" les avez-vous conçues pour vous même ou pour les spectateurs, Rufus?

- Mon tempérament inquiet me contraint à chercher. Les fruits de mes investigations, je les présente au public: je ne tiens pas toutefois à lui proposer des solutions toutes faites. Régulièrement, des spectateurs viennent me trouver dans ma loge à l'issue de la représentation: ils me confient que "cela leur a fait grand bien". Il est certain que de nombreux spectateurs s'identifient au héros des "300 Dernières" : sans doute parce que c'est avec sincérité que, chaque soir, j'essaye de leur expliquer "mon problème", celui qui me concerne, qui me touche personnellement. Il est probable que le public s'y retrouve. Voilà l'unique justification sociale de mon activité! Mais savez-vous que je tiens d'habitude des propos plus rigolos...

- Rufus, préférez-vous le sourire au rire?

Je ne suis pas un ennemi de l'énaurme canular : j'aime voir les gens se plier en deux. Cela leur fait tant de bien! Autant y aller à fond. Mais rares sont les spectateurs dont le rire est libre, réellement.

RUFUS / au THEATRE 140 les 8 et 9 mars 73 à 20h30

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Les 300 Dernières

Date(s) du 1973-03-08 au 1973-03-09

Artiste(s) Rufus

Compagnie / Organisation