Archives du Théâtre 140


Au Théâtre 140, '300 Dernières' de Rufus



La Libre Belgique

11-3-1973

Au Théâtre 140

« 300 DERNIERES » de Rufus

Depuis 1970 où nous l'avions déjà vu, sur cette même scène, se lancer dans le même monologue doux-amer, teinté d'un humour un peu désespéré Rufus a sans doute interprété plus de trois cents fois ses 300 Dernières. C'est cependant le nombre de représentants qu'il s'est fixé, explique-t-il au public. Pour découvrir cette « autre », cette Princesse lointaine, cette âme sœur qui un jour, certainement, l'attendra au fond du théâtre lorsque les spectateurs seront partis. Mais le titre devenu mensonger n'est qu'une ambiguïté de plus de cette sorte de spectacle-confession mêlant, sans qu'on en devine jamais les exactes frontières, le rêve vrai et la fausse confidence, le jeu théâtral de Rufus interprète et la sincérité de Rufus auteur.

De celui-ci, on a déjà beaucoup trop dit pour que nous parlions encore de la construction extrêmement précise d'un texte où les hésitations apparentes du récit paraissent l'essentiel : Rufus ou l'art des points de suspension... Mais l'interprète, avouons-le, nous a agréablement surpris. Sans doute est-ce le fait d'avoir tourné, en trois ans, dans une quinzaine de films qui lui a donné, enfin, ce supplément de naturel qui, à notre goût, lui avait toujours manqué; « dure école du spectacle », comme on se plaît à le dire, le cabaret justifie aussi beaucoup de complaisances. Sur le plateau nu du 140, Rufus nous a paru beaucoup plus détendu, plus serein, moins rivé à un texte et a une interprétation stéréotypée. L'oeuvre elle-même y gagnait en vérité dans le même temps que les confidences de l'auteur paraissaient moins faussement véridiques.

J. C.

Auteur J.C.

Publication La Libre Belgique

Performance(s) Les 300 Dernières

Date(s) du 1973-03-08 au 1973-03-09

Artiste(s) Rufus

Compagnie / Organisation