Archives du Théâtre 140

THEATRE 140

service de presse

saison 73/74

avant première

Au THEATRE 140

les 4 et 6 octobre à 20 h 30 les Rubbish d'Amsterdam

"HA! HA! WAAR IS DE MARECHAUSSEE?" de Misha Mengelberg

et

"EEN PAARD VAN TROOJE"

création collective

les Marx Brothers du free jazz hollandais

le 5 octobre à 20 h 30

"HA! HA! WAAR IS DE MARECHAUSSEE?"

et

"OLTRE TOMBA" de Willem Breuker

spectacle plus proche de la revue néerlandaise

Un départ le 10 août Keizergracht à Amsterdam à 3h de l'après-midi sur une péniche fatiguée dont le moteur mit longtemps à s'emballer mais pas la musique, une arrivée le 4 octobre au Théâtre 140, Willem Breuker, Han Bennink, Misha Mengelberg - en vrienden - perpétuent à la manière propre des musiciens hollandais la tradition des Brittish Rubbish, de Spak Jones, Magic Circus, Temperance Seven et autres Mothers of Invention.

Ils savent tout faire, mais ils refusent de rester des lauréats sérieux, de "grands musiciens", des concertistes applaudis en festival de jazz. Pour eux, le rire, la dérision, c'est la seule façon de supporter son talent.

Une "redoutable chorale"

A quel spectacle cûment nous droit en répétition publique à Amsterdam en août dernier?

Après le concert promenade sur les canaux du Centre de la ville (Quai Démets à Bruxelles, cela n'aurait peut être pas eu la même saveur?!) au théâtre "De Brakkegrond" on nous prépare au pire, on prend des précautions de langage : "Ce n'est qu'une répétition, hoor, ça doit encore beaucoup évoluer". Bien.

Nous questionnons Willem Breuker : "Vous êtes jazzman, vous vous êtes joints des acteurs pour ce spectacle?" "Oui, si l'on veut, mais nous sommes nous mêmes d'éblouissants comédiens, et d'ailleurs nous chantons aussi, nous possédons de très belles voix classiques"...

On nous introduit dans la salle, la répétition commence. Dix musiciens, et on a l'impression de retrouver le grand orchestre de Duke Ellington, mais légèrement abîmé, des arrangements très somptueux mais avec comme un défaut quelque part, une carie, des tournants pris trop courts et des ralentis bizarres.

Nous sommes déjà dans le "détérioré surréaliste" du free jazz, c'est un truc qui vous ravit si l'idée vous effleure que la meilleure lecture des Brandebourgeois pourrait vous être donnée par un siffleur dans sa salle de bain mais exceptionnellement doué.

Et puis. Et puis. La symphonie tourne à la vocifération instrumentale, très belle en l'occurence. Et puis, Willem Breuker quitte son saxo pour s'approcher du micro avec un objet non identifié, emballé dans une couverture douteuse tandis que certains solistes vont se chercher des instruments de musiques en caoutchouc, ingénieux et dérisoires, des fonds de tiroirs de cliniques, tandis que les autres s'échangent des partitions sur des pupitres à hauteur de voix.

L'objet démailloté se révèle être une harpe irlandaise à cordes molles (mais fleuries), Willem Breuker nous propose dans un français qui est un défi au lexique, une pièce de vieux folklore normand ou du Berry?! Ce sera indescriptible. Les voix très "classiques" rendent la chose encore plus énorme. Au music-hall, on appellerait cela de l'imitation. Mais non, c'est de l'analyse? ils analysent la poussière que dégagent le patrimoine culturel et les vieux loisirs, l'histoire de la musique à l'usage des écoles, et les rumbas, les congas de papa dans des boîtes de nuit pleines de toiles d'araignée, comme dans les "tableaux" de Kienholz, "modernkitsch".

Un mois s'est écoulé et on nous téléphone que le- spectacle - dont nous venons d'arrêter volontairement la description - a beaucoup évolué et qu'il ne faudrait pas écrire trop de bêtises dans de journal!!

22 septembre: Que s'est-il passé? Wat is er gebeurd?

Devant un public amstellodamois nombreux, jeune et hilare, nous voyons la deuxième partie du spectacle, la plus longue, dans sa version aboutie : "Oltre Tomba", une sorte de revue spécialisée à propos des musiciens en Hollande, assez bavarde il nous semble et qui ne participe pas de la même folio que la version antérieure que nous destinions au public d'expression française aussi bien que néerlandaise. Les musiciens géniaux deviendraient-ils ici des comédiens amateurs contents de leurs plaisanteries, coupées de merveilleuses interventions de musique?

Non, dit la presse hollandaise, la deuxième dimension subsiste. Nous prétendrions volontiers qu'il y a désamorçage, ou qu'alors cela s'adresse uniquement aux néerlandophones qui en saisiraient tous les clins d'yeux.

"Een Paard van Troje"

Leur création collective, sur laquelle on s'était tellement emballé en août sera donc proposé au 140 les 4 et 6 octobre et "Oltre Tomba" plein de costumes et de belles répliques, réjouira les amateurs de chansonniers hollandais le 5 octobre. Notre opinion ne fait pas jurisprudence.

En première partie, les trois jours, on sera attentif à l'onirisme musical d'Han Bennink et au texte d'humour distancié de Misha Mengelberg dans "Ha!Ha! Waar is de Marechaussee" traduit pour la circonstance en diapositives. On pense irrésistiblement à l'univers frustré des bandes dessinées de Schultz; ici, Charlie Brown est pianiste de free jazz…

"Een Paard van Troje" les 4 et 6 octobre à 20h30 au 140.

"Oltre Tomba" de Willem Breuker le 5 octobre.

Han Bennink, un des meilleurs batteurs de jazz du monde, cela n'est pas contesté, rythme des mains, des pieds et du coude, façon paranoïa. Mais lorsqu'il quitte sa batterie pour aller jouer les tambourinaires de village parmi les spectateurs et que les autres musiciens mettent les tristes chapeaux en papier des boutes-on-train de la clique, le spectacle raffiné et prétentieux tourne à la bierfeest, et reprend ensuite les hauteurs, ne laissant jamais le public s'habituer à aucune attitude.

Au Théâtre 140

les 4 et 6 octobre à 20h30 "HA! HA! WAAR IS DE MARECHAUSSEE?" et "EEN PAARD VAN TROOJE"

le 5 octobre à 20h30 "HA! HA! WAAR IS DE MARECHAUSSEE?" et "OLTRE TOMBA"