Archives du Théâtre 140

La Libre Belgique

7-10-1973

AU THEATRE 140

Les Rubbish d'Amsterdam

Hans Bennink est un excellent batteur et un percussionniste très doué. On le sait depuis longtemps et on ne peut donc affirmer que sa prestation dans le spectacle présenté actuellement par le Théâtre 140 soit la révélation d'un nouveau talent.

C'est dommage car il ne reste, dès lors, plus rien de positif à dire des « Rubbish d'Amsterdam » qui ont interprété, jeudi soir, devant une salle très dégarnie, « Ha, Ha! Waar is de Maréchaussée? », de Misha Mengelberg.

Ils sont deux en scène : Hans Bennink et Misha Mengelberg. Le premier traduit en musique les paroles d'« Elle » qui sont projetées en diapositives car « Elle » est un mannequin de cire allongé sur un canapé. « Lui », c'est l'auteur. Il dit son propre texte mais entrecoupe ses interventions parlées de parties musicales — est-ce vraiment de la musique? — frappée plus que jouée au piano. Le dialogue est aussi déroutant que la musique. Qu'on en juge par bref extrait :

Elle : — Tu m'apportes un verre d'eau?

— Lui : — Bien sûr, chère petite dame. Un glas de l'eau transparente du pompe.

Elle : — Y a-t-il de la glace dedans?

Lui : — De la glace? Ah pardon, je m'excuse. Voilà un pièce d'ijs. Je vous salue mon malade canari.

Elle : — Doucement, monsieur Pamplemousse. Bien merci, tu sais. Qu'est-ce que tu me chantais hier de ton nouveau job?

Lui : — Me voici. Assieds-toi aussi. Je ne supporte pas tes airs de sauterelle à aspirateur.

En fin de pièce, il y a un troisième personnage qui fait une brève apparition. C'est « le visiteur » dont le texte aussi est projeté en diapositives et traduit par lui au saxophone.

Tout « cela » est bien compliqué et le résultat — excepté certaines interventions de Hans Bennink — des plus désastreux. Si ce n'est par snobisme, il est impossible d'aimer sincèrement « cela ». Tout comme un amateur de jazz ne peut apprécier les sons émis par l'orchestre de dix musiciens les « Marx Brothers du free jazz hollandais » — qui, au cours de la seconde partie du spectacle, donnent un « concert » à faire frémir de honte un Miles Davis, un Ornette Coleman ou un Archie Shepp.

Les « Marx Brothers » n'ont pas mérité çà…!

W.V.