Archives du Théâtre 140

Le Soir

13-12-1973

« New York Dolls » au 140

Le groupe de « hard rock » le plus original depuis les Stones?

Un nouveau groupe belge, les « Lee », passe en première partie et tente vainement de chauffer le public. Le sympathique groupe est composé de trois musiciens belges (anciens de Kleptomania) et d'un soliste anglais. Ce qu'ils nous présentent est de qualité honnête; tout cela respire la bonne humeur pimentée de basses ronflantes.

Les « New York Dolls » surgissent soudain. Sanglés, bottés, plastifiés, alliant les mitaines et les dentelles de grand-mère aux cuissardes et collants 2001. Ils arpentent la scène dans un délire de couleurs et d'accords stridents. Têtes de loups, moutons vagues. Boucles raides, yeux peints et talons hauts, le soliste David Johnson ondule des hanches comme Marilyn Monroe qu'il porte en effigie sur le dos.

Les « New York Dolls » se prétendent les héritiers de la musique décadente new yorkaise. des V. V. underground dont l'ombre plane encore. Les héritiers « fous » d'un genre repris et caricaturé par Alice Cooper, David Bowie et Hoxy Music, genre auquel appartiennent aussi les Iggy Pop and the Stooges Ils donnent à fond dans cette mode décadente 73. Des paillettes, guirlandes et lamés mauves n'ont plus de secrets pour eux.

Un groupe qui fut récemment décrit par un journaliste américain comme « peut-être le meilleur groupe de « hard rock », sinon le plus neuf, depuis les Rolling Stones ». Les New York Dolls n'aiment pas les rapports qu'on établit entre eux et les Stones, car ils estiment qu'il y a un fossé musical entre eux. Ils ont raison. L'intention ne fait pas nécessairement la qualité! Ils ont seulement la même tendance désespérée et décadente en 73, qu'avaient les Stones en 64.

Les Dolls chantent « Vietnamese Baby » : duel-entrelacs de jambes fuselées jaunes, tandis que le soliste fauche les rangs avec une mitraillette tromboscope. « Personnality crisis », « Jett Boy », « Bord in U. S. A. » constituent les principaux titres interprétés. Mais la frénésie atteint le paroxysme avec « Frankenstein » et le non moins prenant « Stranded in the Jungle ».

Ils ont la manière d'envelopper une musique, tout compte fait, pas très originale dans un super-emballage-cadeau scintillant. Et cela passe. Cela passe même très bien.

R. D. P.