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THEATRE 140

service de presse

saison 73/74

avant première / Théâtre Bulle

Au Théâtre 140

du 18 au 23 mars à 20h30

le Théâtre Bulle (Théâtre Mouffetard à Paris)

propose un des dossiers noirs de la police française sous un titre éloquent

"J'AI CONFIANCE EN LA JUSTICE DE MON PAYS"

Un pseudo jeu télévisé nous donne la version officielle de l'affaire

"Un soir de décembre 1968, un jeune ouvrier, Jean-Pierre Thévenin, meurt d'une étrange manière, au commissariat de police de Chambéry. Comment? Pourquoi? Les parents ne parviennent pas à le savoir: les proces qu'ils engagent, les enquetes qu'ils tentent de mener n'aboutissent pas et, après cinq années, ils cherchent toujours la vérité.

Cette histoire, un jeune metteur en scène, Alain Scoff (c'est lui qui a monté "Jésus-Fric Supercrack"), le raconte chaque soir au théâre Mouffetard. Son spectacle, "J'ai confiance en la justice de mon pays", un des plus courageux du moment, est aussi un bon exemple de ce que pourrait être un théâtre politique lié à l'actualité. Deux actions s'y superposent; l'une, dramatique, raconte les efforts faits par M. et Mme T. pour découvrir les circonstances exactes de la mort de leur fils et obtenir le châtiment des coupables; l'autre, traitée en farce, décrit les moyens utilisés par la télévision d'Etat pour imposer la vérité "officielle" sur l'affaire. La farce, grosse parfois mais efficace, domine. Alain Scoff a toujours aimé Guignol et on rit beaucoup à ce spectacle tragique : juges et policiers, pantins grotesques mais puissants, mènent un joyeux ballet sur la tombe de la victime. Comme le souhaitait Arthur Conte avant ses malheurs, Télé-Véritas fait chanter la France. Mais le rire est amer et, d'une certaine façon, il prépare les poignantes interventions des parents. Quand, en conclusion de la pièce, Mme T. explique le sens de sa lutte, les gorges des spectateurs se serrent."

Lucien Rioux / LE NOUVEL OBSERVATEUR

La collaboration des forces de la joie et des forces de l'ordre

"Un jeune homme qui entre debout à Chambéry dans un commissariat (la 3ème spécialité de la ville après la fondue savoyarde et les chasseurs alpins) et en est remporté quelques heures plus tard, mort. C'est tout, c'est l'essentiel. Un animateur dans la manière de Guy Lux, hilare, content de lui, swing, super, pop présente aux téléspectateurs de Télévéritas le dossier à sa manière.

Alain Scoff a choisi un procédé atroce : le rire qui crée le malaise tant il est haché par les apparitions d'un couple trainant un cercueil..."

Philippe Boucher / LE MONDE

Ils lui feront payer un jour...

"… Le spectacle de Scoff, inattaquable c'est le dossier accablant!… Les deux thèses en présence y sont exposées honnêtement. Bien sûr, le spectacle ne penche pas du côté de la version officielle. C'est pas de sa faute si la version officielle est si rigolotte. Ca tombe bien parce que "J'ai confiance..." est un spectacle marrant, fort marrant. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans le spectacle de Scoff, du culot qu'il a fallu pour le monter (ils lui feront payer un jour, c'est sûr) ou du talent qu'il a fallu pour à partir d'un dossier si noir faire un spectacle si clair, aussi adroit et qui fasse autant rire. C'est vraiment du beau boulot et du boulot qui ne se sont pas. Si vous n'allez pas voir "J'ai confiance..." après tout ce que je vous en dit c'est que vraiment vous n'avez confiance en personne."

Delfeildeton / CHARLIE HEBDO

Le point de départ est authentique :

"Le 15 décembre 1968, un jeune homme de vingt-quatre ans est mort dans un commissariat de Chambéry. C'est le début de "L'Affaire Thévenin". Il peut paraître paradoxal de parler aujourd'hui de "début" alors que par un dernier arrêté datant du 5 février 1973 l'appel des parents et alliés de M. Thévenin a été jugé "irrecevable", qu'il a été prononcé un "non-lieu définitif" (le troisième!) et que désormais "l'instruction est close". Ainsi donc pour l'heure, la thèse du suicide d'un jeune homme, considéré comme équilibré, à travers une lucarne large de seize centimètres et installée à plus de deux mètres de hauteur du sol, est tenue, malgré certaines contradictions relevées par la famille, comme la seule officielle. Ce n'était pas une "bavure" mais un déplorable accident.

Mais ni les parents de la victime, qui continuent à tenter de mobiliser l'opinion, ni le Théâtre Bulle ne veulent s'en persuader; Mme Thévenin vient encore de lancer un appel pathétique et Alain Scoff fait du théâtre. A chacun ses armes. Scoff imagine une émission de télévision où l'on essaie avec l'objectivité qui caractérise certains moyens audiovisuels, de présenter une sorte de dossier de l'écran.

Mais pour Scoff, tout est truqué d'avance : la Radio-Télé Veritas a élevé le mensonge à l'échelle d'une institution et le ministre de l'Intérieur du pays se félicite "de la collaboration entre les forces de la joie et les forces de l'ordre". Dès lors les choses de la vie vont suivre le chemin de la force des choses pour s'enliser dans l'abrutissement et l'inexpugnable. Seulement comme l'on est au théâtre, on peut tout y dire même si le présentateur de l'émission spéciale de Radio-Télé Veritas semble vouloir prendre ses réalités pour son désir quand il annonce à la reconstitutions "la semaine prochaine nous vous parlerons de l'interdiction d'un spectacle dans un petit théâtre parisien". Pourquoi "J'ai confiance en la justice de mon pays" serait-il interdit? Ce sont des moeurs d'autres temps où d'autres pays ; mais en France et en 1973? Et puis, chacun le sait, le rire est le propre des Français, et, en France personne ne manque d'humour, ni de libéralisme. D'ailleurs, le Théâtre Bulle n'a pas manqué de rappeler la récente campagne d'affiche "Merci aux gardiens de la paix". Le Théâtre Bulle a la reconnaissance généreuse. Et objective.

Alors pourquoi serait-il contraint, sous peu, de changer le titre de son spectacle?

Comme on l'imagine, c'est du théâtre cabaret avec ses pièges - il aurait mieux valu ne pas faire "participer" la famille à l'émission de télévision, c'est se priver d'un plan de recul - ses manques - le dossier n'est peut-être pas complet, mais ça n'est pas non plus du théâtre-document - mais aussi avec sa force corrosive, ses pieds de nez, ses boutades, sa cocasserie et son déchaînement. Une chanson pop et... passez muscade, une mélopée et... passe une note de désespoir et d'espérance mêlés.

Avec "J'ai confiance en la justice de mon pays", le Théâtre Bulle fait pschitt!"

Lucien Attoun / LES NOUVELLES LITTERAIRES

"Après la verve comique de "Jésus Fric Supercrack, Alain Scoff, tente un spectacle directement politique sans pour autant renoncer au délire caricatural..."

Caroline Alexander / L'EXPRESS

Courez-y vite

Tout y est: les contradictions de l'enquête, l'imposture des flics, le machiavélisme des juges, le désespoir des parents... Un comédien personnifiant un rigolo de télévision qui présente l'affaire à la blague. Ce parti-pris burlesque, qui fustige évidemment la désinvolture complice de l'ORTF à l'égard des scandales, n'entame en rien l'émotion. "J'ai confiance dans la justice de mon pays" est un spectacle parodique et terrible, caricatural et bouleversant. Courez-y vite..."

J.P.G. / LE CANARD ENCHAINE

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) J'ai confiance en la justice de mon pays

Date(s) du 1974-03-18 au 1974-03-23

Artiste(s)

Compagnie / Organisation Théâtre Bulle