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La violente beauté des images et de la musique dans le théâtre japonais actuel



THEATRE 140

Saison 75-76

Service de Presse

Avant-Première

Prière d'insérer s.v.p

Au Théâtre 140

Le mardi 9 décembre 75 à 20 H30

Jo DEKMINE et Le MICKERY THEATRE d'Amsterdam

présentent

pour un seul soir

La violente beauté des images et de la musique dans le théâtre japonais actuel

Le THEATRE TOTAL TENJO SAJIKI de TOKIO joue

" A JOURNAL OF THE PLAGUE YEAR "

premier titre de " BANDAGES "

écrit et réalisé par le metteur en scène et cinéaste

Shuki TERAYAMA

Un cinéaste délirant et onirique nous donne un théâtre fait d'oubliettes, de marteaux, et de clous, de personnages violents qui paraissent éclairés par la lune, d'apparitions diverses, d'images absurdes d'un Japon victorien (comme dans un tableau de Paul Delvaux). Un nu délicat, sublime, figures de soutiers, de mendiant le salon et la rue, tout cela sur une musique originale qui fait se demander ce que les Pink Floyd doivent réellement au Japon…

Après tout il y avait déjà le "Red Buddha", opéra rock japonais, si providentiellement éloigné de "Hair" et de "Godspell".

Il ne faudrait pas s'imaginer pour autant que Le Théâtre Total de Shuji Terayama émerge d'un quelconque Broadway extrême oriental.

"A Journal of the plague year" n'est pas une comédie musicale, même si on y chante et d'une manière très folle, cela reste du théâtre, parlé, peu, en Japonais ancien, ce qui le rend inintelligible même du public japonais. Les rares mots servent de percussion, comme une autre musique, un autre son qui force à être attentif aux images, au "cinéma" de l'action.

D'ailleurs on doit à Terayama sept ou huit films de long métrage qu'il a conçu comme des poèmes, on dehors de l'anecdote et du suspense de la psychologie classique.

Terayama parle ici de son spectacle: "les portes des maisons où vivaient les victimes de la peste étaient toutes condamnées par des clous et une nouvelle vie commençait derrière ces portes. Un homme apparait et enfonce un clou terriblement grand au centre de la scène. L'histoire commence lorsqu'une jeune femme arrive en scène et dit: "moi je suis votre maladie". Deux hommes partent vers le Sud. Des femmes font des incantations. Un homme se cache dans une caisse. Si un mur est un principe de réalité, un clou est un verbe, une parole, ainsi l'enfoncement d'un clou devient l'expression verbale de ceux qui enfoncent le clou..."

Il en est de même, dans le silence, au niveau de l'utilisation des bandages, et de leur déroulement.

Synthèse du happening, musique secouante, beauté plastique de ce spectacle même lorsqu'il évoque la laideur. Humour des images.

Le Théâtre Total utilise une armée de comédiens rompus à une discipline Spartiale, ne peut se faire reprocher que son brio. C'est en effet la démonstration envoûtante d'un talent baroque.

Tant pis pour les amateurs de murmures dont nous sommes aussi quelques fois.

Seize comédiens, une armée de techniciens, la musique de J.A. Seazer, le décor de Kenji Kojima, la machinerie de Nobutake Kotake.

Ce théâtre est vraiment celui qu'on destinerait à un public jeune, passionné de pop music, et généralement allergique au théâtre. Ce Théâtre qui est Action, émotions en forme de choc, les concerne. Malheureusement la Compagnie Tenjo Sajiki ne jouera qu'un seul soir à Bruxelles.

Ce spectacle est présenté en Europe à l'initiative du Mickery Théâtre d'Amsterdam, très lié à l'aventure du 140.

Au THEATRE 140: le mardi 9 décembre à 20 H30

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THEATRE 140

Service de Presse

Saison 75-76

informations

Notes biographiques

L'auteur et metteur en scène de "BANDAGES"

Shuji TERAYAMA

Poète, écrivain, dramaturge, metteur en scène, cinéaste, Shuji Terayama est considéré à 39 ans comme l'un des auteurs les plus inventifs, sinon les plus importants du cinéma japonais actuel.

Né en 1935, Shuji Terayama est originaire de Honshu, (Japon). À 9 ans, il perd son père mort à la guerre. Sa mère étant partie travailler dans une base américaine, il vit seul pendant quelques temps, jusqu'au jour où un parent éloigné, propriétaire d'un cinéma, le prend en charge. Il y voit des films, jusqu'à 6 par jour. Lycéen, il fonde des revues littéraires où il publie des poèmes. En 54, il a 18 ans et monte à Tokyo. Il entre à l'Université de Waseda. La même année, il reçoit le prix "Poésie nouvelle". Mais la maladie va le détourner de ses études, une néphrite le retient 3 ans dans un hôpital, où il se met à écrire, entre autres, des pièces pour un groupe théâtral d'étudiants qu'il a créé. Il sort de l'hôpital, à 22 ans; il va multiplier ses activités, comme pour rattrapper le temps perdu, et produit nombre d'oeuvres poétiques, théâtrales, radiophoniques et critiques: en 60, la pièce "Le sang dort debout", en 61, la boxe le passionne, il suit les combats à propos desquels il publie des critiques; en 64, troisième recueil de poèmes, qui inspirera, son film "Cache—cache pastoral". En 65, son premier roman, traduit en français par A.Colas, "Devant mes yeux le désert". En 67, Terayama fonde un théâtre-laboratoire Tenjosajiki (Le Poulailler) avec le dessinateur-décorateur Tadanori Yokoo et Yutaka Higashi, metteur en scène. Depuis 69, le groupe Tenjosajiki n'a pas cessé de produire à l'étranger. (France, Allemagne, Etats-Unis, Hollande, Pologne, Iran, etc, avec des spectacles comme "Le dieu-chien", "la marie-vison", "Jashumon", "la guerre de l'opium", "l'origine du sang", "lettre d'un aveugle".

Son premier contact réel avec le cinéma remonte au début des années 60, quand il écrit 4 scénarios pour le réalisateur Masahiro Shinoda: "Le lac désseché", "Ma gueule rouge au soleil couchant", "Voyage de mon amour", "Des larmes, sur la crinière d'un lion". En 67, il accompagne en Afrique, en Asie, et en Europe le réalisateur Matsumoto et le directeur de la photographie Tatsuo Suzuki pour le tournage d'un documentaire "Les mères" dont il écrit le poème commentaire. Sept ans plus tard, Suzuki retrouvera Terayama pour la prise de vues de "Cache cache pastoral". En 68, il écrit le scénario original de Hatsukoi Jigoku-hen ("Premier amour, version infernale") de Susumu Hani. En 70, de nouveau pour Shinoda, il écrit le scénario de Buraikan, et réalise "L'empereur Tamate-Ketchup" (16mm), en 71 c'est "Jetons les livres et sortons dans la rue" (35mm) en 74, "L'initiation des jeunes au cinéma" (16mm, triple écran), toujours en 74, "Chofuku ki" (16mm) "Rolla" (écran spécial) et "Cache cache pastoral" (35mm) présenté au Festival de Cannes 75, et qui fut un évènement.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Bandages. A Journal of the Plague Year

Date(s) 1975-12-09

Artiste(s) Tenjo SajikiShuki Terayama

Compagnie / Organisation