Archives du Théâtre 140


Mardi 9 décembre au '140': 'Bandages': Beauté et violence du théâtre japonais actuel



Le Peuple

8-12-1975

MARDI 9 DECEMBRE AU « 140 »

« BANDAGES »: Beauté et violence du théâtre japonais actuel

Un cinéaste délirant et onirique, Shuki Terayama, nous donne un théâtre fait d'oubliettes, de marteaux et de clous, de personnages violents qui paraissent éclairés par la lune, d'apparitions diverses, d'images absurdes d'un Japon victorien (comme dans un tableau de Paul Delvaux). Un nu délicat, sublime, figures de soutiers, de mendiants, le salon et la rue, tout cela sur une musique originale qui l'ait se demander ce que les Pink Floyd doivent réellement au Japon.

Après tout il y avait déjà le « Red Buddha », opéra rock japonais, si providentiellement éloigné de « Hair », et de « Godspell ».

Il ne faudrait pas s'imaginer pour autant que le Théâtre Total de Shuji Terayama émerge d'un quelconque Broadway extrême oriental.

« Bandages » n'est pas une comédie musicale, même si on y chante et, d'une manière très folle, cela reste du théâtre, parlé en japonais ancien, ce qui le rend inintelligible. Les rares mots servent de percussion, comme une autre musique, un autre son qui force à être attentif aux images, au « cinéma » de l'action.

D'ailleurs on doit à Terayama sept ou huit films de long métrage qu'il a conçus comme des poèmes, en dehors de l'anecdote ou du suspense de la psychologie classique.

Terayama parle ici de son spectacle : « les portes des maisons où vivaient les victimes de la peste étaient toutes condamnées par des clous et une nouvelle vie commençait derrière ces portes. Un homme apparait et enfonce un clou terriblement grand au centre de la scène. L'histoire commence lorsqu'une jeune femme arrive en scène et dit: « moi je suis votre maladie ». Deux hommes partent vers le Sud. Des femmes font des incantations. Un homme se cache dans une caisse. Si un mur est un principe de réalité, un clou est un verbe, une parole, ainsi l'enfoncement d'un clou devient l'expression verbale de ceux qui enfoncent le clou... » Ce spectacle est présenté en Europe à l'initiative du Mickery Théâtre d'Amsterdam, très lié à l'aventure du 140.

Auteur

Publication Le Peuple

Performance(s) Bandages. A Journal of the Plague Year

Date(s) 1975-12-09

Artiste(s) Tenjo SajikiShuki Terayama

Compagnie / Organisation