Archives du Théâtre 140


Les Mexicains au 140: venus du fond des temps et du coeur des villages



Le Soir

13-5-1976

Les Mexicains au 140: venus du fond des temps et du cœur des villages

Imaginez un grand autobus s'arrêtant sur la place d'un village, quelque part entre Mexico et Tampico, embarquant tous les danseurs et les danseuses de la fête locale, ses musiciens, un professeur d'histoire, costumes, tambourins et guitares, s'engouffrant dans le premier paquebot à destination de l'Europe et déversant, mardi soir, toute sa chatoyante cargaison au Théâtre 140 : vous y êtes presque. Pour le bonheur des spectateurs bruxellois, ils n'ont point trouvé de chorégraphe en cours de route, ni un maître de musique espagnol! Tout ceci nous fut offert avec beaucoup de naïveté, avec des mouvements de scène que nos salles paroissiales d'antan n'auraient point récusés, mais finalement avec tant de sincérité et de vie que le spectacle fut très réussi.

On avait craint, au début, qu'il s'agissait d'une publicité en technicolor pour l'avion local grâce auquel « vous y seriez déjà ».

L'abus de projections de diapositives sur la toile de fond, le coup des chandelles rituelles sur la scène, une certaine patte folklorique faisaient redouter le pire. Et puis, d'un coup, voici le mystère mexicain restitué dans ses valeurs essentielles, avec une précision que n'auraient pas atteinte des troupes, plus aménagées pour le show-business. « El Venado », le gibier, nous apporte des lointaines populations Yaquis l'image d'un brocard luttant contre la mort. Elle suppose, chez l'artiste, un don de mime et un sens de l'observation animale tout à fait remarquables.

Danses authentiques, venues du fond des temps, avec toutes les péripéties de l'histoire, de l'envahisseur espagnol (ah! pas d'amnistie pour ceux-là, même après des siècles!), de la culture religieuse occidentale, de l'amour, de la mort, de la violence et de la contestation.

Et tout ceci est submergé par les couleurs qui sont celles du pays du dieu-soleil, et par une joie de vivre exubérante. On n'oubliera pas cette gentillesse avec laquelle, dans le rondo final, ils ont accompagné les spectateurs jusqu'à la sortie.

GUIDO VAN DAMME.

Auteur Guido Van Damme

Publication Le Soir

Performance(s) -

Date(s) 1976-05-11

Artiste(s) Le ballet majesterial du Mexique

Compagnie / Organisation