Archives du Théâtre 140

La Libre Belgique

14-5-1976

AU THEATRE 140

LE BALLET MAJESTERIAL DU MEXIQUE

La représentation unique donnée par cet ensemble mexicain au Théâtre 140 est aussi éloignée de l'idée que pourrait s'en faire le profane que l'aube ou le crépuscule du grand soleil de midi. Il est vrai que le groupe restitue surtout la vie de peuples du Nord et du Nord-Est de la République mexicaine : les Yaquis, les Seris ou les Mayos de l'Etat de Sonora, et les Tarahumaras de l'Etat de Chihuahua notamment. Ces communautés primitives contemporaines, qui vivent dans un monde magico-religieux, représentent encore l'expression authentique de la tradition.

Sur un rythme lent, incantatoire, monocorde, une sorte de lamento suivi bientôt d'onomatopées entame le spectacle. Il s'adresse toujours à la divinité, parfois païenne, parfois chrétienne. Les costumes sont alors sobres, de tons neutres, blanc et noir le plus souvent. Puis le plateau s'anime dans l'évocation du quotidien : la vie, la mort, l'amour, la chasse ou des éléments : le vent, la terre, l'eau, le feu. Dans sa seconde partie, on mime la résistance ou la soumission au conquérant hispanique, puis on le ridiculise, stigmatisant ses travers.

Enfin, dans les dernières prestations de la soirée, un déferlement de couleurs, de mouvement et de joie nous rapproche de l'optique européenne concernant le folklore mexicain et la soirée s'achève sur le chant le plus populaire du Mexique « Cielito lindo » dont les premières paroles sont « Canta, no […]ores » ( Chante, ne pleure pas), à la grande satisfaction du public qui ne cesse de scander et d'applaudir.

Ce qui frappe le plus, c'est la simplicité et l'équilibre du groupe, dont chaque membre parait pouvoir être à la fois conteur, chanteur, danseur ou musicien. Spectacle bienvenu, très apprécié, inédit dans nos contrées, en tout cas pour les deux premiers tiers. En hôtes gracieux et attentifs, toute la troupe a reconduit en musique les spectateurs jusqu'à la sortie, les gratifiant d'un dernier adieu chanté.

D.C.