Archives du Théâtre 140

La Dernière Heure

27-9-1976

« El Campesino »

aux « Petites Halles de Schaerbeek »

Jo Dekmine ne cessait pas de sautiller de bonheur lors de son premier spectacle de la saison, présenté aux Petites Halles de Schaerbeek par Luis Valdez et sa troupe « El Campesino », théâtre d'agitation né d'une grève des vendangeurs en 1965, à Delano, au Nouveau-Mexique.

C'est, qu'incontestablement, il avait deux bons motifs de se réjouir. D'une part, la salle était archi-comble. Les jeunes étaient venus en masse pour vibrer au réquisitoire contre le patronat mexicain et américain, coupable de faire travailler le paysan pour de maigres salaires et, d'autre part, l'humour percutant, la ferveur quasi démentielle et le charme prenant de la musique qui caractérisent, à la fois, la pièce et le talent des interprètes et des musiciens. Imposaient de gré ou de force aux spectateurs de marcher derrière les drapeaux de la contestation sociale.

L'ingénuité des propos en espagnol, leur démagogie facile même, s'effaçaient devant la bonne humeur d'une troupe homogène véritablement portée à bout de bras et de jambes dansantes par Valdez qui a incontestablement le physique de Zapatta.

Oui, il faut bien l'admettre, tout en étant mal assis, si pas debout, dans une atmosphère raréfiée, on a pris un bain d'innocence, de fraîcheur et on s'est senti généreusement « révolutionnaires », comme les petits scouts au feu de camp. Mais ici les comédiens, mine de rien, ont l'aisance de vrais professionnels, qu'ils sont d'ailleurs.

A.V.