Archives du Théâtre 140


La poésie et les masques du Bread and Puppet. Le Cirque du Cheval blanc



La Cité

1-10-1976

La poésie et les masques du Bread and Puppet

Le Cirque du Cheval blanc

au Théâtre 140

« The Cry of the People for meat » (« La Cité » des 10/11 novembre 1969) nous avait révélé Peter Schumann et son admirable troupe du Bread and Puppet. Nous la retrouvons aujourd'hui intacte, fidèle à sa vocation, fondatrice de poésie et d'un véritable langage théâtral.

Le Bread and Puppet nous rappelle en premier lieu cette évidence que trop d'animateurs contemporains méprisent ou négligent : le théâtre est avant tout dispensateur de joie.

Cette joie, elle éclate déjà dans la première partie du spectacle où la troupe parodie les numéros d'un cirque en égratignant l'oncle Sam. Tout n'est pas d'une veine égale dans ce prologue, mais certains sketches comme celui des phoques savants et énamourés sont d'une saveur particulière. L'emploi du masque et des accessoires les plus simples est dans le droit fil d'un théâtre qui privilégie l'imagination et transfigure en poésie ou en humour la réalité la plus prosaïque.

La seconde partie, l'histoire du cheval blanc est poésie pure. L'anecdote y importe moins que les symboles et si la succession de tableaux peut sembler un peu mince, la beauté plastique des images animées (les rameurs!), le parfum médiéval du climat, la qualité des trouvailles visuelles suffisent à nous plonger dans l'enchantement.

Ici encore et surtout, l'emploi du masque apparait comme l'un des éléments les plus valorisants du Bread and Puppet. D'abord parce que la beauté et l'expressivité de ces masques retentissent fortement sur les nerfs et l'imagination du spectateur, mais surtout parce que tout le style de cette troupe est profondément marqué par cet emploi. Le masque, en effet, ne saurait rien apporter au théâtre s'il y est injecte comme un élément extérieur à la fête. Mais qu'il soit profondément intégré au rituel du spectacle, qu'il inspire la dramaturgie et commande la jeu et la démarche des interprètes, voilà qui est nécessaire et suffisant pour restaurer le sens du sacré au théâtre. Peter Schumann et ses complices ont parfaitement compris cela. On les en remercie.

J. L.

Auteur J.L.

Publication La Cité

Performance(s) The White Horse Circus

Date(s) du 1976-09-28 au 1976-09-30

Artiste(s)

Compagnie / Organisation The Bread and Puppet Theater