THEATRE 140
Saison 76/77
Service de Presse
Avant-Première
Prière d'insérer svp.
Au Théâtre 140
Du 1er au 6 mars à 20 H30
PSYCHOTHERAPIE OU PSYCHODRAME?
Si tu t'arrêtes d'écrire, tu sais que tu es seule.
Révélée au Nouveau Carré Thorigny à Paris:
EMMA SANTOS
dans
EMMA SANTOS
N'a pas suivi les 50 séances de psychothérapie.
Porte des lunettes noires pour s'isoler des autres.
Vit dans de drôles de conditions avec un artiste étranger douteux.
S'exprime très mal dans un langage enfantin.
(Rapport du Docteur A)
Claude Régy illustre sans tricher le monde d'Emma Santos. "Le matin revient, le matin revient toujours. Tu as beau prendre du Largactil, de l'Equanil, du Nubaron, ça revient encore..."
C'est le début de ce spectacle écrit, interprété par Emma Santos, et dirigé par Claude Régy. Emma Santos est un écrivain, une jeune femme qui a passé dix ans de sa vie dans les hôpitaux psychiatriques. Un metteur en scène, Claude Régy, lit Emma Santos. Il est tenté par l'idée de faire un spectacle sur ses livres. En particulier "J'ai tué Emma S." Il contacte l'auteur, elle accepte la proposition et le projet de spectacle évolue. Emma Santos a écrit plusieurs livres qui tous présentent une évolution de son expérience, celle de la psychiatrie.
Une psychiatrie non vécue par les filtres du soignant, mais au niveau direct du soigné. Ils font alors tous deux un montage de trois livres d'Emma; "La malcastrée", qui avait été publié aux Editions Maspéro préfacé par le Docteur Gentis, "Emma S.", publié aux Editions des Femmes, et un dernier ouvrage inédit qui paraitra en janvier aux mêmes Editions des femmes. Claude Régy réunit quatre comédiennes: mais, dit Emma Santos: "Quand je les ai vues lire mon texte petit à petit je n'ai pas pu le supporter, j'avais l'impression que c'était un vol. Aux lectures, je me suis mise à lire à haute voix mes textes. Et quand je les ai lus, je n'ai plus voulu les donner." Le spectacle ne pouvant plus évoluer sur ses bases, Claude Régy décide alors avec Emma Santos qu'elle sera sa propre interprète.
Claude Régy
Claude Régy a monté ces dernières années des pièces de Saunders, de Pinter, de P.Handke, de Marguerite Duras, Nathalie Sarraute. "J'ai toujours pensé, déclare-t-il, que le théâtre passe quelque part par la folie. J'ai deux obsessions dans mon travail: la mort et la folie; en fait, la société dite normale comprend une telle dose de psychotiques; elle montre, elle qui se déclare normale, de tels signes évidents de maladie, que les gens ne peuvent plus ne pas se poser le problème..."
Le matin revient toujours...
"Le matin revient. Le matin revient toujours. Tu as beau prendre du Largactil, de l'Equanil, du Nurabène, ça revient encore. Tu essaies le Melleril, du Nembutal, des sédatifs, ça revient encore. Hypnotiques, antispasmodiques. Le matin revient. Le matin toujours. Tu as beau mettre un écran entre la lumière et toi, tirer le rideau, fermer la fenêtre, te retourner dans tes draps, te rouler en boule sous tes couvertures, t'enfoncer au matelas, t'engouffrer dans ton sommeil, te perdre, t'enfoncer dans un rêve. Tu t'englues comme une bête derrière tes yeux clos, tu fais ton trou minable, grattes le sommeil, refuses le réveil. Le matin est revenu. Il est dix heures, midi ou peut être deux heures, ça n'a pas d'importance, c'est le matin. Un matin. Il faut commencer une journée. Seule." (Emma Santos)
Emma Santos
Née à Paris en 1950, suivie en psychiatrie depuis 1957. A écrit cinq livres: "L'illulogicienne" (Flammarion); "La Malcastrée" (Maspéro-Pocho, Edition des Femmes); "La Loméchuse (La marge - Kesselring; "La punition d'Arles" (Stock) 5 "J'ai tué Emma S." (Edition des Femmes).
Paru en janvier 1977: "L'itinéraire psychiatrique d'Emma Santos" (Edition des Femmes).
"J'ai écrit cinq livres, dit-elle, les mêmes sans doute, car le livre ne change pas. Mais moi, j'ai changé; bousculée, renversée par la psychanalyse, je ne dois plus écrire car tous mes livres ont été des actes d'amour pour lui qui ne m'aimait plus. Des gestes de folie. Au début, je croyais que c'était une façon de me soigner, maintenant je sais que c'était une façon de me détruire."
"Je ne soigne que les folles normales" (Docteur X.)
"Les psychiatres me poursuivent, je poursuis les psychiatres, on ne se rencontrera jamais." (Emma Santos)
Sommes-nous indiscrets?
Non, dans la mesure où Emma Santos écrivain contrôle, domine, après coup, ce qu'elle nous livre d'incontrôlé au niveau humain. Elle sait. Du fond du tunnel elle nous enseigne sa situation. Mais aussi une morale de cette situation inspirante. On s'était cru en sécurité. Nous n'avons pas à l'être. Afin d'exclure les seuls curieux, le public, est prié sur la scène du théâtre 140, en rond autour d'elle, ce qui limite le nombre de spectateurs et précise l'exactitude des contacts.
Je refuse les comprimés
"Une petite dose le matin et c'est parti pour la joie de la journée. J'ai connu le bonheur, la vraie vie. Je ne supporte pas l'artificielle. Je préfère mourir. L'infirmière fait sa piqûre plusieurs fois par jour en silence. Impossible de refuser, impossible de se débattre. Les deux gardes sont toujours là dans le couloir, prêts à agir. J'ai peur de leur grossièreté. Je reçois des injections d'insuline dans les veines qui font baisser le taux de sucre dans le sang puis je tombe dans le coma. Réveil brusque avec une boisson très sucrée. Aucun souvenir. Enfin de l'halopéridol en gouttes. Je ne réagis plus. Je suis définitivement entrée au pays du silence. Rien de dehors. Toujours rien. Je me sens prisonnière dans cet hôpital. Tout le monde m'ignore. Ils m'ont vite oubliée. La ville existe toujours autour, j'entend ses bruits. Je suis seule perdue dans un désert. La solitude, le vide." (Emma Santos)
Au Théâtre 140: du 1 au 6 mars à 20 h30.
Publication [persbrochure]
Performance(s) -
Date(s) du 1977-03-01 au 1977-03-06
Artiste(s) Emma Santos • Claude Régy
Compagnie / Organisation