Archives du Théâtre 140

La Cité

25-5-1977

Rituel de la terreur fasciste

« Monsieur le Président » d'après Asturias

au Théâtre 140

Après s'être produit au festival de Nancy et au Théâtre des Nations, la troupe vénézuélienne de Rajatabla a présenté au Théâtre 140 l'adaptation du roman « El Senior Presidente » du romancier guatémaltèque Miguel Angel Asturias. On sait qu'il s'agit d'une dénonciation des régimes fascistes tels qu'ils sévissent dans un grand nombre de pays de l'hémisphère sud de l'Amérique.

Il est évidemment impossible pour un spectateur francophone de juger de la qualité littéraire ou du degré de fidélité de l'adaptation de Carlos Ymenez. On se doute bien qu'un tel travail connaît les aléas communs à toutes les adaptions de romans à la scène.

La qualité du spectacle, de son interprétation, de sa mise en scène est en tout cas évidente. Carlos Ymenez a réussi à conférer le maximum de théâtralité au thème de l'oppression et de la terreur fascistes. Le personnage lui-même du président — certainement interchargeable — importe moins que le rituel de la répression institué sur la scène avec son cortège de maux interrogatoires, tortures, exécutions, humiliations, etc.

Le metteur en scène ne cède jamais à la complaisance. Il ne tente pas de mettre à l'épreuve nos nerfs. Mais visuellement le spectacle ne cesse d'être fascinant. Carlos Ymenez joue de tout l'espace du plateau et chaque lieu de cet espace est « plein ». C'est le propre des mises en scène réussies que de proscrire tout temps mort aussi bien dans la durée que dans l'espace. A cet égard, « Monsieur le Président » est certainement une représentation exemplaire.

J.L.