Archives du Théâtre 140


Aux Halles de Schaerbeek, 'Une locomotive folle'



La Dernière Heure

25-11-1977

Aux Halles de Schaerbeek

« Une locomotive folle »

« Vous y comprenez quelque chose, vous? Pour ce qui est du mot à mot, il ne faut pas trop chercher. Mais dans l'ensemble, cela tient. Peut-il être question de dialogues aimables quand il s'agirait plutôt de concerto pour un train? Cela tombe moins sous le sens que sous une sorte d'envoûtement ferroviaire dont plus d'un a connu la drogue voyageuse.

Un jour, un train, quatre voyageurs et deux mécaniciens. Au début, nous voilà en pleine bagageomachie, où chacun y va de ses charges suprêmes, valise, chaise et casseroles. Après moultes péripéties, on se plonge dans cet univers clos, ce couloir relativiste en partance vers la destination nulle part, tant il est vrai que chacun s'en va pour s'en aller, avide du paysage des jours, ne sachant pas qu'au bout du compte plus un seul jour ne se lèvera. Donc ce Monsieur le voyageur et ces dames voyageuses à robe-lève-qui-veut, caqueteuses, avantageuses et capiteuses, y vont de leurs menus problèmes, imperturbablement les mêmes et redondants à souhait. Les mécaniciens, quant à eux, sont plus volontiers raisonneurs, style seul maître à bord.

« Vous y comprenez quelque chose, vous? » Mais si, cela tient debout pour qui sait lire une partition. Dans ce monde éclaté, cet écorché de la mécanique humaine, le langage est mis à mort dès qu'il montre une velléité de cohérence. Bien sûr, cette pièce de S. I. Witkiewicz, montée par Michel Massé, ne s'adresse pas aux abonnés de la traditionnelle.

Mais si l'on veut accepter qu'originairement le théâtre était une messe, nous nous trouvons en plein office des morts dans un bruit de ferraille déchiquetée. Un décor pop art avec un las de tuyaux de poêle, toboggan, échelle, grosse corde pourrait se prendre pour une salle de gymnastique n'était un certain miracle en forme de surréalité.

Et chacun à sa façon abrégera sa parodie comico-tragique : Sylvie Chenus, Eric Houzelot, Francis Huret, Odile Massé. Odile Qunio et Philippe Thomine, du Théâtre Groupe 4,12 (invité par le 140), se débattent dans cette folie collective avec la ferveur contagieuse d'un office véritable.

R.V.L.

Auteur R.V.L.

Publication La Dernière Heure

Performance(s) "La Locomotive folle; Concerto"

Date(s) du 1977-11-23 au 1977-12-03

Artiste(s) 4 Litres 12

Compagnie / Organisation