Archives du Théâtre 140

Le Soir

11-3-1978

Le Théâtre de la Liberté :

de généreuses images

C'est un théâtre d'images, un théâtre destiné aux âmes pures et simples (et ce dernier mot ne doit pas être pris dans un sens péjoratif, loin de là). Il y a des masques, dont certains — énormes et irrésistibles — représentent des politiciens, des jeux de transparences en couleurs, des chants turcs, de la pantomime, des sons rythmés. Si on n'a pas l'âme vraiment simple, la mécanique des brèves séquences et la répétition du généreux propos sembleront un peu monotones. Ah, heureux les purs, ils seront les premiers!

Ce théâtre de la Liberté, dont le directeur est Mehmet Ulosoy et qui nous fut révélé par Le Nuage amoureux, alterne les contes et poèmes de Nazim Hikmet ou Aziz Nezin avec des revendications et des exposés précis des problèmes d'aujourd'hui (du paysan opprimé aux centrales nucléaires). La poésie est toujours présente comme dans cette histoire de l'agneau qui attrape des dents de lion à force d'être persécuté, bon rappel du fait que les légendes du peuple ont eu de tout temps une Marx indélébile. Propos généreux mais qui ne plonge pas toujours assez loin, qui a déjà été maintes fois dit. Qu'importe, peut-être... Il est bon que la voix des opprimés trouvent des scènes en ces temps où, même en Belgique tellement favorisée par rapport à d'autres pays, certains nantis osent dire que le licenciement sans motif d'un travailleur n'est qu'une « erreur de parcours... ».

Au Théâtre 140, ce 10 mars encore.

L. H.