Archives du Théâtre 140


La nouvelle saison au '140' du théâtre 'd'instinct'



Le Peuple

3-10-1978

La nouvelle saison au « 140 »

DU THEATRE « D'INSTINCT »

Jo Dekmine a présenté la saison du « 140 ».

« Une saison qui a mis un nez en carton pâte pour raconter des choses importantes », a-t-il dit d'entrée. Avec des tas de réflexions pour l'enrubanner, jetant, pêle-mêle, des idées — à discuter ou à ne pas discuter, qu'importe... ce sera éventuellement pour tout à l'heure — dont celle-ci : pourquoi s'inventer des raisons d'aimer ou de détester quelque chose ; place d'abord à l'instinct, l'intelligence naturelle fait le reste et le bagage culturel est complémentaire, comme un dictionnaire qui peut servir.

« Cette saison, dit Jo, le 140 a écarté plusieurs spectacles dits sérieux, couverts de mérites et d'éloges, au profit d'autres (également appréciés) où le propos paraîtra plus futile à première vue! »

Alors?

« L'instinct est devenu le premier critère. Cette saison, c'est la comédie musicale vécue par l'intérieur, un certain théâtre italien, les Dzi Croquettes qui donnent à voir ce qu'ils sont sous le prétexte du music-hall. Dango Edwards, Farid Chopel, Rufus, Raymond Devos, la crédibilité de leurs mirages ; le People Show de Londres, nos cousins germains par le cœur... ».

Voici comme s'annonce une seizième saison. Avec des possibilités scéniques considérablement agrandies. Avec, aussi, la promesse murmurée d'un gros éclat (qui ne sera pas de rire mais d'une colère difficilement contenue?) où il serait question des Halles de Schaerbeek... que Jo Dekmine avait eu le mérite — et l'intelligence — de sortir de la poussière et de l'oubli.

Au « plus près » (du 12 au 21 octobre) « Plantons sous la suie » une comédie musicale du café de la Gare : du classique du genre et le non sens à la Marx Brothers... en fait une autopsie sur un abominable jeu de mot (sera également présenté à Huy, Seraing, Tournai, Binche et Hornu.)

La « post avant-garde » italienne, le Groupo II Carrozone, dans « Vedute di Porto Saïd », du 25 au 29 octobre (« Ils sont peut-être les seuls à exorciser par l'image l'emprise des précurseurs américains Bob Wilson et Richard Forman », dit Dekmine).

Raymond Devos sera là du 14 au 26 novembre ; Renaud (triomphateur insolite à Spa, dont — selon Jo — il aura été la justification du festival…mais qu'allait-il donc chercher dans cette galère!), du 30 novembre au 2 décembre, et du 4 au 9 ce sera le Living Theater de New York (Prometheus Changed — une adaptation de Judith Malina, dont les intentions sont moins prédicantes que le discours des sept méditations et où l'impertinence a sa place).

Du nouveau jazz, le 18 décembre avec « The World Saxophone Quartet » ; et du 28 au 31 les « Dzi Croquettes » dans Les Speakerines (« Extraordinaires travestis brésiliens, maîtres d'un genre, qu'il faut entendre zozoter avec l'accent brésilien les commentaires des speakerines de la télévision française » — définit Dekmine).

Du 10 au 12 janvier, Jacques Villeret (comique d'une énorme santé : il se situe d'emblée au premier degré de la perception); Luc Desmet and Jay Geary dans « Panem et Circences » (peut-être au campus de l'UCL à Woluwé St. L., à une date à déterminer ; mais du 23 au 27 janvier, Farid Chopel dans « Chopelia » (chef-d'œuvre de la myopie mentale : il est étrange de rire autant à partir de l'aventure psychotique de Bob Wilson).

Retour de la Compagnie des Pouilles Puppi e Fresedde, du 14 au 17 février, dans « Sulla via di San Michele » (une représentation qui rassemble à ces statues saintes polychromées dans les processions pagano-chrétiennes…).

Du 19 au 23 février, (Jo Dekmine : « Le 140 initie au… ») People Show de Londres : il a inventé à travers le caf-conc ou d'autres langages soi-disant bon marché un art aussi strict que le kabuki! Cette fois, un cabaret théâtralisé, la projection pudique de nos infirmités caractérielles, et un final en musique dans une effroyable bonne humeur.

Du 1er au 4 mars, Rufus joue Rufus : « Le héros national ».

Le nouveau spectacle de la Maschera de Rome : « L'éveil du Printemps », où Meme Perlini paroxise le dramaturge allemand Wedekind.

En projet pour avril - mai, Django Edwards et sa bande feront éclater ce music hall que des traditions de disciplines avaient rendu un peu bête avec « Foolies 3 ». Et d'autres choses encore — promet Jo Dekmine (sans qui la vie bruxelloise du spectacle serait quand même trés incomplète).

Séb.

Auteur Séb.

Publication Le Peuple

Performance(s)

Date(s) 1978-10-03

Artiste(s)

Compagnie / Organisation