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Meme Perlini règle les comptes de son adolescence. Teatro la Maschera: L'éveil du printemps d'après Wedekind. Traduit en images par un cinéaste du théâtre



THEATRE 140

Saison 78/79

Service de Presse

Avant-Première

Prière d'insérer SVP

Au Théâtre 140

Hors festival, les 8 - 9 et 10 mai à 20H30

Dans la Rome troublée de mai 78

MEME PERLINI REGLE LES COMPTES DE SON ADOLESCENCE

TEATRO LA MASCHERA:

L'EVEIL DU PRINTEMPS

d'après Wedekind

traduit en images par un cinéaste du théâtre

Il est exclu de ne pas voir une coïncidence, fut-elle accidentelle, dans le regard pathétique de Perlini jeté sur l'adolescence difficile de ceux dont il a partagé les bancs d'école en Italie et les événements troublés, la mort d'Aldo Moro dans une ville partagée entre la peur, la fièvre et cet extraordinaire sens de la vie qui, à Rome, triomphe de tout et qu'il ne faut pas confondre avec l'insouciance. Evénements survenus au moment même où l'Eveil du Printemps se créait dans un ancien parking couvert de Rome, devenu le lieu permanent du Teatro La Maschera.

Le thème, on le connaît: la fatigue de croître, l'agonie de l'adolescence en vue de l'état adulte. Ces maudits problèmes que sont l'amour et l'attrait sexuel, jugés du dehors et du dedans, soumis à l'auto-punition.

La petite Welda est enceinte sans même le savoir et meurt de l'avortement castrateur que lui fait sa mère. Moritz, effrayé Melchior vit des angoisses plus grandes que lui. Et les autres…

Perlini use de l'oeuvre de Wedekind en la séquestrant dans un magasin de la périphérie de Rome, ample et solennel comme une cathédrale.

Dans cet espace immense, des objets énormes sont épars, solitaires comme des phares ou des dolmens. Bancs d'école qui deviendront une sorte de machine de guerre, un lit dans lequel on n'aime pas et où on ne se repose pas mais où l'on souffre, où l'on tombe dans une sorte de torpeur, des instruments de musique (orgue, piano et batterie). En attente, comme dans les tableaux des surréalistes.

Ce spectacle réunit à travers une violence mal contenue les

"tortionnaires" et les victimes dans un même sacrifice. Educateurs et adolescents subissent le joug des préjugés et des interdits.

On y est son propre gendarme, dès qu'on a quitté la clairière des élans.

La mère, par exemple, est manoeuvrée et vue comme un automate qui traduit son rôle odieux par de grandes courses circulaires, des mouvements qui enferment, bouclent l'univers ambiant. Elle aussi est victime d'un sort.

Les inconditionnels qui s'étaient régalés de l'ésotérisme mystificateur du curieux Othello de Perlini, de Tarzan et aussi de Locus Solus, déjà plus lourd d'implications humaines, furent déroutés par le réalisme (transposé) et la clarté qui caractérisent le dernier travail du metteur en scène romain. Mais L'Eveil du Printemps, hymne à l'adolescence brimée au début de ce siècle n'est pas un thème escamotable...

La morale, les maîtres, les parents, l'érotisme, le désarroi de la fille mère qui prend sa grossesse pour de l'hypertrophie, mais aussi les fantasmes dès qu'on pousse du pied les portes entr'ouvertes. L'apolon d'académie, nu assis, la jeune femme en visite, des apparitions non identifiées (Delvaux, Balthus)...

Tout cela au son d'une énorme musique, particulièrement belle et signifiante.

Meme Perlini utilise ici différemment son matériau habituel, ces tableaux réels-irréels qui nous ont toujours fascinés; les corps jetés dans des éclairages d'alerte, les costumes étriqués du dimanche, les grigris de la bourgeoisie italienne du début du siècle.

Images pliées à sa volonté de visionnaire, à son caprice de créateur.

L'Espresso écrit :

"Perlini inocule à travers ses décors-objets fétiches, hétéroclites et distanciés, les mémoires de son enfance mêlées aux mémoires de l'avant garde historique, les fêtes de village et le happening, notamment par l'usage de matériaux primaires, sable, cailloux, eau qui nous ramènent à l'Art Pauvre, mais aussi au vécu de sa Romagne natale. Superstition ou surréalisme...?"

L'Eveil du Printemps, par le Teatro La Maschera de Rome au Théâtre 140, les 8-9 et 10 mai à 20H30.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) L'Eveil du printemps

Date(s) du 1979-05-08 au 1979-05-10

Artiste(s) Teatro La MascheraFrank Wedekind

Compagnie / Organisation