Archives du Théâtre 140

Pourquoi Pas?

17-5-1979

Théâtre 140

Wedekind revu par Perlini

La pièce de Frank Wedekind intitulée « L'Eveil du printemps » évoque, comme on sait, la tragédie d'adolescents, presque encore des enfants, aux prises avec la découverte émerveillée de l'amour et celle, plus inquiète, de la sexualité, mais aussi avec l'hypocrisie des adultes dont sera victime la jeune fille succombant à l'avortement pratiqué par sa mère.

Ce schéma de l'oeuvre demeure dans la version italienne que Meme Perlini nous a proposée avec le « Teatro La Maschera ». Mais il est réduit à un canevas sur lequel ce metteur en scène a greffé ses propres phantasmes et souvenirs, en une vision qui ne conserve rien du climat de l'original, pas même ses instants de tendresse, pour faire place à une âpreté nouvelle, au milieu d'objets et de décors hétéroclites baignant dans une atmosphère d'érotisme plutôt vulgaire et ambigu.

Un singulier bric-à-brac dont, à défaut de bien entendre la langue des comédiens, on perçoit rarement les valeurs symboliques et les significations sous-jacentes. Ce qui est la démonstration paradoxale que, sans la parole, toute cette imagerie est pratiquement inopérante.

Il reste que cette transposition, qui se souvient parfois de Bob Wilson, laisse l'impression d'une recherche d'exorcisme, d'une sorte de happening douloureux et fantastique, à mi-chemin entre le naturalisme d'une contestation sociale et le surréalisme d'une espèce de rituel expiatoire et sacrificiel. Mais encore une fois, privé du sens des mots, on demeure indifférent, sur sa réserve.

Joseph BERTRAND