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Du 19 octobre au 10 novembre dans plusieurs salles: Le Festival international de théâtre de Bruxelles exigera du public un talent certain



La Dernière Heure

26-9-1979

Du 19 octobre au 10 novembre dans plusieurs salles

Le Festival international de théâtre de Bruxelles exigera du public un talent certain

Il fut un temps où les auteurs étaient modestes et même Shakespeare s'inquiétait d'émouvoir le public et, par conséquent, se mettait à son service.

Aujourd'hui, dans certaines petites têtes brûlées, il en est autrement. Le public ne vient pas au spectacle pour pleurer ou rire, mais pour collaborer activement à la satisfaction des auteurs, plutôt des animateurs, désormais incapables d'être complets.

Sans le talent du public, comme ils disent, il leur manque au moins une jambe, si pas le cerveau, en définitive, car ils exigent que les spectateurs remplissent les vides de leurs œuvres uniquement prospectives. Il y a certes des exceptions à cet état de choses, mais, tout de même, il y a de quoi s'énerver, quand on lit en préambule d'une manifestation artistique : « Si les acteurs doivent avoir du talent, Il importe que les spectateurs en aient aussi (Dimitri Frenkel Frank). A noter qu'ici, au surplus, on a gommé jusqu'à la notion d'auteur, cet impertinent personnage qui empêcha, paraît-il, tout le conceptuel du spectacle.

Quoi qu'il en soit, Bruxelles va vivre à l'heure de l'expérimentation (ce qui est bon, car les laboratoires sont nécessaires au développement de la science, même culturelle) du 19 octobre au 10 novembre de cette année. Façon comme une autre de fêter le Millénaire au 140, aux Halles de Schaerbeek, au Centre culturel Jacques Franck, à la Raffinerie du Plan K, à la Maison de la Culture de Woluwe-St-Pierre et au Théâtre Elémentaire.

Insistons, aussi, sur le fait que le théâtre qui sera proposé est, en général, beaucoup plus basé sur la voix, sur la modulation des instruments, le chant et l'expression corporelle, que sur des textes continus, ayant une justification dramatique dans le sens du développement naturel d'une histoire. Nous sommes conviés à vivre avec nos sens éveillés, plus qu'avec notre logique.

Douze « spectacles » et concerts seront présentés par des compagnies ou des individualités américaines, à savoir : Laurie Anderson, violoniste et chanteuse dans « Performance » - Sheryl Sutton qui associera la danse, la parole et le chant pour illustrer l'image d'un homme mort de froid dans les rues de New York - le « Squat Theatre » proposera « Andy Warhol's last love » (le dernier amour d'Andy Warhol) - La musicienne et chanteuse Connie Beckley s'offrira, elle aussi, une performance utilisant la sensualité directe du corps - Meredith Monk mettra en place un concert composé de voix, flûte, piano, violoncelle - « Mabou Mines, une compagnie que l'on dit originale des U.S.A., proposera « A Shorter Shaggy Dog Animation », un collage d'images contant l'amour d'une chienne pour son maître.

Tom Johnson développera ses rythmes par le biais d'un concert piano et percussions - Joan La Barbara, de son côté, va étudier les pouvoirs de la voix à la recherche de sonorités inconnues.

Charlemagne Palestine, va marteler le piano, un piano aux étouffoirs constamment relevés - Winston Tong, sous le titre « Eliminations », manipula des marionnettes de porcelaine évoquant les masques du Nô - Trisha Brown exécutera des gestes quotidiens, de telle façon que le public ne pourra pas réaliser s'il arrête ou non de danser. Enfin, Philip Glass et Lucinda Childs, danseront sur une musique répétitive.

L'Italie envoie « Carrozzone », avec un décor composé de murs blancs ou les acteurs marchent en répétant des gestes furieux.

« L'Odin Teatret », du Danemark, proposera trois démarches, aillant la rigueur physique aux contextes non théâtraux. Cette troupe a une réputation Internationale.

Les Anglais, avec « Electric Phoenix » vont animer une nouvelle structure de « théâtre musical ».

Quatre « compagnies » belges sont aussi à l'affiche : le « Théâtre Elémentaire », avec « Lettres de prison », un spectacle qui tente une ouverture vers l'imaginaire ; « Triangles », animé par Pierre Droulers, sorti de l'école de Béjart, verra le danseur accompagné de saxophonistes exprimer la ruse, le leurre, etc... toutes expressions qu'utilisent de petits animaux ; « Dur An Ki », permettra à un acteur nu, mais bariolé, d'évoluer durant de longues heures; enfin, le « Plan K », reprendra son « Scenic Railway », polyphonie de bruits, de matériaux et de formes.

A.V.

Auteur A.V.

Publication La Dernière Heure

Performance(s) Festival international de Bruxelles

Date(s) du 1979-10-19 au 1979-11-10

Artiste(s) Meredith MonkIl CarrozzoneMabou MinesTom JohnsonWinston TongJoan La BarbaraOdin TeatretCharlemagne PalestineElectric PhoenixTrisha BrownTrianglesPlan KLaurie Anderson

Compagnie / Organisation Théâtre ElémentaireSquat Theatre