Archives du Théâtre 140


Aux Halles de Schaerbeek, 'Cabaret' par les Spider Women



La Libre Belgique

?-10-1979

AUX HALLES DE SCHAERBEEK

« CABARET » PAR LES SPIDER WOMEN

Trois ans après leur premier rendez-vous avec le public bruxellois, revoici les Spider Women aux Halles de Schaerbeek, jusqu'à ce mercredi soir inclus.

Elles sont huit, ces Américaines bigarrées, jacassantes, préférant le clin d'œil au battement des paupières, qui semblent sorties, en zigzaguant, d'un numéro de « Mad », ou d'un tableau de Clovis Trouille. Au menu : un caf'conc, mi-bête et mi-méchant, tirant la langue au charme, en évitant, Dieu merci, les vulgarités obligées d'un Magic Circus.

Un spectacle anti-musée de cire, s'inscrivant dans cette politique féministe soucieuse d'enterrer les clichés qui firent les beaux soirs de tant de siècles masculins. Nos iconoclastes yankees ridiculisent donc les archétypes féminins qui, trop longtemps, retardèrent l'épanouissement, la « libération », de leurs soeurs. Pour cela, refus d'un type de spectacle bien mis en plis, d'un numéro amidonné : la couleur du « Cabaret » sera celle dictée, chaque soir, par la température du public ou de la troupe. A la différence du ballet traditionnel où la perfection est la loi, on vient ici pour applaudir des faux-pas.

Pendant une heure et demie, nos viragos (rien à voir qui sont autant de mises en accusation d'un vieil ordre imposé. Rien à voir avec le discours des Jeanne ou de la Compagnie Desnanas, la dimension burlesque étant ici capitale), vont, tantôt savoureusement, tantôt laborieusement, écailler les portraits figés de l'amoureuse, de la vamp ou de la danseuse. Elles jouent les Bluebell Girls à la jambe de bois, refusant le corset d'un texte ou d'une scénographie une fois pour toutes lacé (donc lassant), rappelant, à travers leurs pitreries calculées, leur besoin de tendresse et de contradictions.

Un spectacle coloré, plus généreux que vitriolant, où les Spider Women semblent s'amuser autant que leur public (majoritairement féminin). Un comique plus gestuel que verbal. Mais est-ce vraiment comique? Et inventif? Rien n'est moins sur. Et n'était-on pas en droit d'attendre, de ces huit fées-sorcières, un peu plus d'imagination en scène? Car ces fragments d'une anti-comédie musicale, si sympathiques soient-ils, manquent vite de souffle.

Fr. M.

Auteur Fr. M.

Publication La Libre Belgique

Performance(s) Cabaret

Date(s) du 1979-10-15 au 1979-10-17

Artiste(s) The Spider Women

Compagnie / Organisation