Archives du Théâtre 140

La Cité

19-10-1979

« Cabaret » des Spider Woman

Un sain éclat de rire

Vive les femmes! Les Spider Woman, il faut les voir, elles ne sont pas racontables. Excessives en tout, et d'abord dans l'air qu'elles ont.

Elles ne sont pas toutes jeunes et jolies, elles n'ont pas des têtes d'écolières qui sortent d'un couvent, et si une d'elles est vieille, défraîchie et trop fardée, c'est comme ça, on ne cherche pas plus loin et on joue. Parce qu'elles jouent, ces huit bonnes femmes, elles s'amusent sur scène, dans leur slang américain pas toujours compréhensible, ou en français avec un accent épouvantable.

Le spectacle est parodique, à la fois musical et gestuel. Des esprits chagrins diront peut-être que leur parodie n'est pas parfaite, se laisse prendre à son propre piège, mais l'essentiel est ailleurs, dans leur joyeuse outrance, dans leurs inventions pas possibles.

Elles ont sous-titré leur spectacle « une soirée de chansons dégoûtantes et d'images écœurantes ». Là aussi, il y a de l'excès, il faudrait plutôt parler d'une espèce de « saine vulgarité », d'un désir de s'amuser franchement et sans problèmes.

[…] bien réelle dans son personnage. Elles font semblant d'être comédiennes et chanteuses de café-concert, de la grosse production au numéro intimiste, mais il manque toujours le sérieux. En fait elles sont complètement folles. Faut aimer, mais si ça marche, on peut frôler le délire.

Elles démolissent une certaine sentimentalité: « I love you. Pas d'accord. Pas n'importe qui et pas comme cela ». Mais elles le font de manière très positive. Pas de rouspétage sordide, d'histoires ressassées, tout finit en éclat de rire. Ce n'est pas si fréquent.

C'était organisé par le théâtre 140 aux Halles de Schaerbeek, et les Spider Woman qui n'en sont pas à leur premier spectacle, s'appellent Lois Weaver, Naja Beye, Gloria Mojica, Peggy Shaw, Lisa Mayo, Pam Vergé, Eva Bouman et Muriel Miguel.

A.K.