Archives du Théâtre 140


'Les Mélodies du malheur' par le 'Grand Magic Circus'



La Dernière Heure

13-3-1980

AU « 140 »

« Les Mélodies du malheur »

par le « Grand Magic Circus »

D'où vient cet engouement pour le Théâtre 140, dont le public ne se recrute pas seulement parmi la clientèle traditionnelle du théâtre? Le secret réside sans doute dans le choix des spectacles qui vous emportent, rendus prodigieusement visuels; le mot, devant une telle concurrence, aura à se justifier avec force. A l'ère de l'audiovisuel, nous sommes amplement servis, et s'il faut de l'image, qu'elle soit à la énième puissance.

Le « Grand Magic Circus » y parvient sans conteste. Si le public est venu pour son dépaysement du soir, il n'a, de fait, pas moyen d'avoir la moindre pensée ailleurs. Tout de suite, la musique vous assaille, de même que les personnages défilent sans un temps mort pour nous raconter des histoires mélodramatiques avec de l'humour à chaque tournant, ce qui fait que tout le monde y trouve son compte, les jeunes y compris.

Nous avons donc droit à une succession d'historiettes. « La Siamoise Amoureuse » et le problème que ce cumul comporte, à moins que, d'une pierre deux coups, certains vicieux aiment cela. « L'Acrobate Paralytique », il ne faut pas être amoureuse quand on se livre à des exercices périlleux, cela finit toujours mal et, de fait… « La Cadre supérieur prisonnier de son attaché case », cadre supérieur en chômage, sujet bien d'actualité. Eh oui! grandeur et décadence. Cela finira mal aussi. « La Stripteaseuse Frileuse », enfin, qui en arrive là pour nourrir son bébé et périt en pleine scène, histoire vécue, paraît-il.

Jérôme Savary a rédigé les textes et est le metteur en scène de ces mélodrames; il ajoute à cette double qualité deux autres et non des moindres, celles de comédien déchaîné ainsi que de musicien infatigable. Nous ne pouvons citer tous les noms de ceux qui ont fait ou contribué au spectacle. Nommons, entre autres, la pathétique Mona Heftre, la pulpeuse Clémence Massart, le très drôle Maxime Lombard aux mimiques à la Charlot, la comédienne-acrobate Leslie Rain et l'impayable Carlos Pavlidis qui use de son physique lilliputien pour en exploiter toutes les ressources évidentes.

Spectacle complet d'acrobate, de jongleurs, de lanceurs de flammes et… de stripteaseuses que coiffe un humour omniprésent sous des dehors sanglants et grand-guignolesques. « Les Mélodies du Malheur » n'ont pas manqué de faire le bonheur d'une salle comble, applaudissant à qui mieux mieux.

R.V.L.

Auteur R.V.L.

Publication La Dernière Heure

Performance(s) Les Mélodies du malheur

Date(s) du 1980-03-11 au 1980-03-13

Artiste(s)

Compagnie / Organisation Le Grand Magic Circus et ses animaux tristes