Archives du Théâtre 140


Le 'BUTOH' est né du mouvement étudiant Japonais des années 60. Sankai Juku. Le rêve du garçon au crâne rase. Ces êtres étranges nous fabriquent une nouvelle genèse



THEATRE 140

Saison 80/81

Service de Pr

esse

Avant-Première

Prière d'insérer svp.

Au THEATRE 140

Les 8-9-10 octobre à 20h30

Le "BUTOH" est né du mouvement étudiant

Japonais des années 60

SANKAI JUKU

LE REVE DU GARÇON AU CRANE RASE

Ces êtres étranges nous fabriquent une nouvelle genèse

Ushio Amagatsu est leur maître. S'il y a magie, ce sera dans le sens du réalisme fantastique, comme disent les Brésiliens. Donc il n'y a pas de magie détenteur de prophéties. Les danseurs "butoh" questionnent leurs corps et y trouvent les réponses de vie et de mort avec une force, une sensualité et un humour qui nous éblouissent. On a parlé de sculpture vivante, on peut aussi parler de danseurs morts en mal de résurrection...

Les musiques sont volées aux night clubs européens et à l'armée d'Ecosse. Casino de Tokyo. Eux, la musique japonaise ne les obsède pas évidemment,ils font le voyage dans l'autre sens...

"...Les cinq danseurs du groupe ont rasé leur crâne, leur peau poudrée de blanc évoque les douceurs froides de l'opaline, leurs ongles sont peints en rose. Ils racontent les rêves du petit garçon, sa plongée au coeur d'un monde préhumain. En ce temps-là vivaient des poissons qui étaient à la fois mâles et femelles, ils se sont séparés en deux, se sont cherchés, se sont joints, ont enfanté.

Les cinq hommes, presque nus, se déhanchent, leurs pagnes de tissu rugueux glissent et les dévoilent. Leurs faces sont cachées par des formes ravagées en papier. On dirait des fleurs carnivores qui se seraient elles-mêmes dévorées. Ils vibrent d'une énergie intense qui retient les élans de leurs muscles, leurs mouvements sont doux et lents. Ils ont à présent des visages de poupée, ils jouent les mouvements précieux des artifices de séduction, ils jouent les jeux de l'accouplement, du repos et de la guerre. Un nain-oiseau, sans bras ni ailes, creusé par un sourire sans joie, bascule dans de la poussière jaune. L'enfant, pendu par les pieds à une banderole rouge, tourne très blanc dans une lumière de haut fond... Deux heures d'un réçit sans paroles qui mêle la grâce noble de danses rituelles, le maniérisme canaille du music-hall, la violence d'un érotisme qui va au-delà de la sexualité, les grondements des percussions, les fioritures de musiques occidentales frelatées, et le silence.

...Deux heures à en perdre le souffle, voyage extraordinaire, Sankai Juku bouleverse notre perception, la hiérarchie de nos valeurs, comme son maître Kazu Oono, première révélation du Festival de Nancy, homme intemporel qui réunit dans son corps de soixante-quinze ans l'enfance et la sagesse.

Ushio Amagatsu, créateur du groupe, 30 ans, explique : "Tokyo est une ville qui déborde de lumières, de néons, mais l'obscurité reste une règle dans l'ensemble du Japon. Souvenez-vous des anciennes japonaises. On leur rasait les sourcils, on les maquillait de blanc, on leur peignait les lèvres en violet et les dents en noir. La lumière et l'obscurité faisaient le jeu de leur visage. Si on les regardait, il s'en dégageait une sorte de terreur. Et le regard porté revenait sur soi. C'est ce moment qui nous intéresse. Voir et être vu, cette limite. Le Butoh, est là, au point de rencontre de l'ombre et de la lumière. Prenez la flamme d'une chandelle. Dans une étendu sombre elle définit immédiatement un territoire de la luminosité. Si on se situe à l'intermédiaire de la lumière et de l'obscurité, on arrive à exprimer ce qui vient de derrière et de devant. On bénéficie de l'appui de l'obscurité et on peut s'exprimer dans la luminosité. Et inversément : on est illuminé par derrière et on fait face à l'obscurité. C'est le "lieu de notre danse."

Co-production René PRAILE

Sankai Juku, "Le rêve du garçon au crâne rasé", au Théâtre 140, les 8, 9, et 10 octobre à 20h30.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Le Rêve du garçon au crâne rasé

Date(s) du 1980-10-08 au 1980-10-10

Artiste(s) Sankaï Juku

Compagnie / Organisation