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Après 'Le Nuage amoureux' le metteur en scène turc Mehmet Ulusoy crée le 'Broadway' du discours politique: Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé? Par le Théâtre de Liberté



THEATRE 140

Service de Presse

Saison 80/81

Avant-Première

Prière d'insérer svp

René Praile et Jo Dekmine présentent

au THEATRE 140

du 21 au 24 janvier à 20h30

Après "Le Nuage amoureux"

le metteur en scène turc Mehmet Ulusoy

crée le "Broadway" du discours politique

POURQUOI BENERDJI S'EST-IL SUICIDE?

par le Théâtre de Liberté

"Oh Calcutta" en 1929, les Anglais, allez vous rhabiller

La roue tourne en scène, deux roues en fait, l'immense et la moyenne, pas des instruments de torture ni des attractions foraines (encore que), on est à Calcutta en 1929 et l'écrivain (marxiste) turc Nazim Hikmet raconte l'espoir et le désespoir de son ami le leader hindou Benerdji et de ses camarades de lutte, aux prises avec l'Intelligence Service et leur propre conscience.

Tout cela raconté avec intensité et un humour oriental, plus proche de nous qu'on ne l'imaginerait. Que reste-t-il aujourd'hui du sacrifice de ces gens? Subsistent les questions, la qualité des "doutes", les ferveurs, la valeur des hommes comme on dit dans les mauvais films américains. Hier Calcutta, aujourd'hui Istanbul, Buenos Aires? Moscou? Le Chili? La Pologne? L'Afghanistan? San Salvador? Et l'Irlande alors? Amnesty International a peut-être quelques informations? C'est une ville étonnante, Calcutta!

On a souvent évoqué l'importance de la fin des années vingt, pour les intellectuels "engagés" de l'époque. Après la mort de celui dont les yeux "vous regardent au-dessous d'un immense crâne chauve" et qui avait dit : "Consacre ta vie tout entière à la révolution, et non seulement tes soirées libres", une nouvelle problématique prenait corps. Confrontés à la dure réalité et aux difficultés de l'Europe à s'engager dans la voie qui paraissait inéluctable et ce, à court terme, nombre de créateurs adoptaient des attitudes sans équivoque et eurent des comportements souvent tragiques.

Etait-il possible, en 1930, de prévoir le phénomène stalinien. En tous cas, et pour des raisons certes différentes mais découlant toutes des conditions concrètes de la Russie postrévolutionnaire, le suicide d'Essénine à Maïakovski, intervient comme la tragique conclusion d'une certaine conception d'une "éthique de l'action".

Ayant passé plusieurs années à Moscou à partir de 1922 (il avait alors vingt ans) Nâzim Hikmet a pu vivre sur place l'espérance soulevée par le vent d'est, côtoyer des jeunes hommes et femmes venus de tous horizons pour voir ce qui s'y passait, mesurer l'importance de l'engagement et de la confiance dans la révolution d'octobre. De retour en Turquie, il devait lui-même être une des premières victimes des luttes intestines du Parti communiste de Turquie, clandestin et docile exécutant des directives du komintern. Exclu du parti en 1929, il entreprend la rédaction de "Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé?".

Dans cette oeuvre, Benerdji, jeune révolutionnaire hindou, est accusé de trahison par ses propres camarades. Innocent, il sera réhabilité, deviendra le chef de son mouvement mais se suicidera quinze ans plus tard. Cette trame ne doit pas tromper. Non seulement l'auteur traite à l'intérieur de son récit d'autres aspects de la révolution, mais encore il le fait en développant un style qui lui est propre, où les vers rejoignent la prose, où la chronique politique cohabite avec le scénario de film, la satire avec le pathétique. N'empêche que "Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé?" reste une oeuvre des plus tragiques de son auteur. On pourrait craindre que les préoccupations de Nâzim Hikmet ne perdent de leur actualité, un demi-siècle après la première édition. Il n'en est rien.

POURQUOI BENERDJI S'EST-IL SUICIDE?, par le Théâtre de Liberté, au Théâtre 140, du 21 au 24 janvier 81, à 20 h 30.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé?

Date(s) du 1981-01-21 au 1981-01-24

Artiste(s)

Compagnie / Organisation Théâtre de Liberté