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Après Sanka Juku en 80, Révélation 81 de sept danseuses de Butoh: Ariadone (Tokyo) dans 'Zarathoustra' au Japon, les maîtres du genre



THEATRE 140

Saison 81/82

Service de Presse

Avant-Première

Prière d'insérer svp.

Au THEATRE 140

du 4 au 14 novembre à 20h30

après Sankai Juku en 80

Révélation 81 de sept danseuses de Butoh

ARIADONE

(Tokyo)

dans

"ZARATHOUSTRA"

au Japon, les maîtres du genre

Kazu Ono puis Sankai Juku ont tracé en Europe le chemin d'un nouveau langage du corps. Voici au "140" l'extraordinaire compagnie Ariadone. Carlotta (Japonaise, mais l'Italie la fascine) et six autres femmes comme autant de souples silex bougent lentement, orchidéennes, serpents, momies, menues et belles, colonnes vertébrales et genoux, crânes et visages, doigts et phalanges, seins et poumons, plâtre, vaisseaux sanguins et cartillages...

Amagatsu et le Sankai Juku nous ont beaucoup appris l'an passé sur le langage secret du corps, sur l'étrange énergie réfugiée dans la lenteur des gestes. Durant leurs trois jours de représentations, certains spectateurs sont revenus chaque soir car ils y trouvaient une nourriture plus essentielle que celle du théâtre ou de la musique. Le Butoh propose une véritable mémoire du corps, généralement prisonnière du sommeil et de certains no man's lands auxquels nous n'osons pas donner de nom.

Il ne s'agit aucunement d'un opium mais d'une discipline émotionnelle où l'esprit questionne le corps inlassablement pour y découvrir une autre lecture de ce qui nous compose.

Et le spectateur est surpris parce qu'obscurément, il "reconnait" ce qu'il voit. Voici maintenant que des danseuses nous tiennent ce même vocabulaire avec une force, une rage et une séduction qu'expliquerait aisément le silence accumulé des femmes, les véritables rentrées dans la gorge, la violence gommée.

Sept douces Japonaises bien élevées se déchaînent dans une fresque effarante où la grâce rencontre l'horreur, la folie, les fantasmes de la mort et de la naissance, incarnant tous les possibles de leur métabolisme, perfidie, fraîcheur de l'enfance, cadavres vivants, aux pâles osselts et puis tout à coup le monde du cabaret, les lumières, l'érotisme de bonne maison et de nouveau l'enfance...

Deux heures d'un tel spectacle ne peuvent pas être décrites en quelques lignes, à coups d'adjectifs, sans trahir ce qui nous est providentiellement donné. Nous avons vu un spectacle de nature à nous intimider par la précision farouche que confèrent au Butoh Carlotta Ikeda, Kazuko Takato, Mizelle Hanaoka, Hiroko Marukane, Yuko Watanabe, Tamie Nakazima, Mari Hirose, qui livrent ensemble une parole du corps qu'aucun homme ne peut tenir. C'est très, très beau et c'est autrement.

Lise Brunei dans "Le Matin" écrivait: "Le corps est la dernière porte. L'eden n'est qu'une apparition, celle de la grâce retrouvée de jeunes japonaises couvrant leur nudité d'un chapeau de paille. Chamans mystiques ou danseurs d'avant garde, Carlotta Ikeda et Mizelle Hanaoka passent de l'horrible au baroque avec le plus grand naturel."

Le Butoh s'accomplit au son de musiques venues de l'autre côté du 3ème jardin, Keith Jarett, disco,Japon… Aujourd'hui.

Auteur

Publication [persbrochure]

Performance(s) Zarathoustra

Date(s) du 1981-11-04 au 1981-11-14

Artiste(s) Ariadone

Compagnie / Organisation