Archives du Théâtre 140

La Libre Belgique

19-1-1982

Au 140

Les Radeis dans « Les Oiseaux »

Ce n'est pas la première fois qu'ils viennent au 140, on pourrait même dire que Jo Dekmine fut un de leurs découvreurs. Ils y ont remporté chaque fois le plus grand succès, cent fois mérité, de la même façon que lorsqu'ils se produisent à Amsterdam, à Londres, en France, en Italie ou, tout récemment, au festival de Caracas.

Il faut dire que l'art des Radeis est international, comme celui des mimes, de certaines vedettes de music-hall ou, tout simplement, des clowns. Leur comique dénie presque tout intérêt au langage parlé (lorsqu'il l'emploie ce n'est que plus percutant) pour fonder la plupart de ses effets sur le geste référentiel.

Ces quatre « radis » du Nord sont les frères Marx de la dérision quotidienne. Sans jamais verser dans aucun sentimentalisme, ils touchent en même temps qu'ils font rire, parce que ce qu'ils décrivent avec un léger décalage est en nous ou chaque jour autour de nous. Le radis, explique le Petit Robert, est une racine « à saveur légèrement piquante, que l'on mange crue ».

Dans Les Oiseaux (Vogels), ils se sont mis en cage pour pouvoir rêver plus à l'aise de la grande évasion et nous gratifier accessoirement d'une métaphore. Ces barreaux, bien entendu, sont ceux de notre société; l'on tente d'en sortir et l'on y revient toujours. Mais ne craignez rien, sortis de leur nid ces oiseaux ne lâcheront pas sur vous de lourds messages. Leur humour, pour être un peu cynique, s'interdit cependant de donner aucune leçon.

Vous sourirez, vous rirez, vous vous trouverez « bien » en compagnie des Radeis. Qu'ils jouent à l'aviateur, qu'ils miment une naissance, qu'ils nous gratifient d'un strip-tease en cache-poussière, tout l'univers au ras de l'homme est là devant vous (avec, pourtant, une étrange atrophie du côté féminin). Si vous les avez déjà vus, vous aurez déjà retenu vos places; sinon, courez de confiance les voir, il n'y aura pas de réclamation.

Jean COLLETTE.

A 20 h 30, jusqu'au 23 janvier.