Archives du Théâtre 140

Le Soir

2-5-1983

Festival du Kaaitheater

Micropolis, de Th. Skipitares : petit n'est pas toujours gentil

On attendait beaucoup, dans un Kaaitheater qui n'est pas particulièrement animé par le don d'enfance, cette année, de Théodore Skipitares et de ses étranges marionnettes. Non que les poupées, au théâtre, s'adressent forcément aux enfants, mais ne dit-on pas que tout ce qui est petit est gentil?

Bref, il ne s'agissait de toute façon pas de marionnettes mais bien, comme on l'a découvert au Théâtre 140, d'automates plutôt : un espace miniature, réaliste souvent — un coin de chambre, de toit, de cimetière, de pigeonnier — où une ou deux figurines, quatre au plus, n'ont guère qu'un seul geste a leur disposition pour évoquer le sens de la scène.

L'anicroche est que, trop souvent au fil des huit tableaux de « Micropolis », ce geste ne suffit pas à transformer en réalités sensibles les intentions, ni les velléités en intentions. Il y a dans ce premier tableau en forme de confession morbide une gravité qu'on ne retrouvera plus par la suite. La poésie surréaliste de « Dominick » (la scène du pigeonnier) ne refait plus guère surface que chez le dinosaure du dernier tableau. Cette scène où une poupée immergée dans un bocal frémit quand on effleure l'eau où elle baigne dégage une trouble pitié — que rien ne viendra plus rappeler ensuite. On rit d'une oraison funèbre « patriotarte », puis on ne rit plus.

Il y a là des obscurités, des facilités, des textes trop bavards en voix off, des temps morts (c'est inquiétant, dans un spectacle de quarante-cinq minutes) qui, s'ajoutant à un refus — peut-être discutable — de policer le rudimentaire des automates et la maladresse anguleuse des manipulations, finissent par laisser le spectateur indifférent à ces saynètes qui, si elles semblent chercher à l'émouvoir, le choquer, l'amuser ou le faire rêver, n'y arrivent que de façon fugace et sporadique. Un peu court...

DANIEL DE BRUYCKER.