Archives du Théâtre 140


'Cost of Living' de Tim Miller au Théâtre 140



La Libre Belgique

6-5-1983

« Cost of Living » de Tim Miller au Théâtre 140

Américains d'allure, Tim Miller et les membres de sa troupe le sont aussi par leur façon de réagir à la vie dont ils évaluent le « coût » dans la présente production. Une collection de timbres-poste (qui deviennent plus en plus chers, même pour l'affranchissement) et le fait divers relatant le suicide d'un jeune homme non identifié à Los Angeles servent de point de départ à un propos qui se concrétise en éléments narratifs accompagnés de musique enregistrée et chantée, de projections, de vidéo, de passages dansés, de séquences mimées; bref, tout l'arsenal devenu habituel pour ce genre de « performance » ou de « projet ».

Le contenu idéologique reflète, lui aussi, les préoccupations et les attitudes des jeunes Américains, tiraillés entre la richesse et la puissance de leur pays et la constatation que, de tous les pays, les Etats-Unis accusent le taux le plus élevé de suicides. Ils sont animés par le désir de se dépenser, de s'élever dans les airs, et le risque de s'épuiser vainement et de se rompre le cou, par le besoin de savoir, de sentir, de penser; par la notion de ce qu'on devrait faire (should), de ce que l'on peut faire (can) et de ce que l'on accomplit vraiment (will); par la quête, poursuivie dans le monde entier, des éléments qui constituent le bonheur; par la foi dans l'amour et l'espoir.

Ce message, quelque peu théorique ou métaphysique, est donc « performé » diversement avec une bonhomie gentiment naïve, un élan tout spontané et un engagement personnel empli de conviction. L'ensemble est un peu disparate, comme les idées qui se bousculent dans la tête des jeunes et qui voudraient toutes s'exprimer à la fois et avec la même intensité. La littérature, la musique, la danse, la lumière font bon ménage comme dans ces immeubles à appartements où tout le monde s'entend bien sans se connaître véritablement. Mais la vie y est civilisée, passionnante, excitante même dans ses moments de déprime, et les mots-clé, projetés en grand sur l'écran de fond, restent Hope et Love. L'emploi, un peu trop prolongé, de rayons clignotants permet quelques scènes figées l'espace d'une fraction de seconde et aussitôt remplacées par un nouvel arrangement de tableau vivant, qui sont plaisamment spectaculaires. Au total, un spectacle jeune et frais dont l'originalité, sans être fracassante, a l'avantage de se présenter sans prétention et sans arrogance.

L.-G. T.

Auteur L.-G. T.

Publication La Libre Belgique

Performance(s) Cost of Living

Date(s) du 1983-05-00 au 1983-05-03

Artiste(s) Tim Miller

Compagnie / Organisation Kaaitheater